Blogue 093 : NON à une journée contre l’« islamophobie »

David Rand

2018-01-20

Le 5 janvier 2018, le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC) a écrit une lettre ouverte au Premier ministre Justin Trudeau lui demandant de désigner le 29 janvier comme « Journée nationale de commémoration et d’action contre l’islamophobie » en souvenir du massacre survenu à une mosquée à Québec en cette date en 2017.

Nous ignorons toujours les motivations de l’auteur de ce massacre. Toutefois, nous savons non seulement qui en a souffert le plus — les victimes et leurs proches évidemment — mais surtout qui en a profité au maximum. Ce sont les promoteurs et alliés objectifs de l’islam politique qui en ont tiré le plus grand avantage en faisant la promotion de cette idéologie dans les instances gouvernementales et dans les médias. En particulier, la motion M-103 condamnant l’« islamophobie » et cette récente demande du CNMC allant dans le même sens sont deux exemples d’instrumentalisation de cette tragédie à des fins politiques. Le langage de la lettre ouverte du CNMC verse quelque peu dans la paranoïa :

« Avec la montée des groupes extrémistes qui continue de poser une menace à la sécurité des institutions et des congrégations musulmanes canadiennes, il est crucial que nos dirigeants s’opposent fermement contre l’islamophobie et les agents de sectarisme qui cherchent à provoquer une division haineuse entre les Canadiens et les citoyens musulmans. Nous ne pouvons permettre à des voix de haine, même celles qui semblent de premier abord inoffensives, de s’infiltrer dans nos discours publics et de porter atteinte à notre tissu social. »

Quelles sont ces « voix de haine, même celles qui semblent de premier abord inoffensives » qui s’infiltrent « dans nos discours publics » ? Le CNMC dénonce « la montée des groupes extrémistes », mais quels sont ces groupes ? Les déclarations du CNMC lui-même peuvent sembler « de premier abord inoffensives » mais elles utilisent tout de même un langage semblable à celui de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) qui cherche à assujettir les droits humains aux dogmes religieux, criant à la soi-disant « islamophobie » et employant un discours victimaire. De qui faudrait-il se méfier ?

Dans son éloquente Lettre aux orphelins de l’attentat de Québec, Fatima Houda-Pepin déplore que des groupes comme le CNMC n’aient pas « hésité à exploiter cette corde sensible à leur avantage », ajoutant « C’est ainsi qu’ils se sont approprié la mort de vos êtres chers ». Certainement il faut marquer l’anniversaire de cette tuerie, mais sobrement :

Pour vous, les orphelins de l’attentat de Québec et votre famille, cette commémoration doit reprendre son véritable sens, celui d’un hommage aux défunts. C’est un devoir de mémoire pour célébrer leur vie et leurs réalisations.

Zahra Boukersi, proche de l’une des victimes de l’attentat, en dit autant et s’oppose ainsi à l’idée d’une journée contre l’islamophobie. Dans une entrevue radiophonique avec Paul Arcand, Mme Boukersi, musulmane et kabyle (mais pas arabe) et qui ne porte pas le voile, ne veut pas que la commémoration soit récupérée par l’islam radical à des fins idéologiques. Elle et son mari ont quitté l’Algérie afin de s’éloigner du fanatisme religieux. Elle ne veut pas que ce fanatisme soit importé ici au Québec.

Ferid Chikhi, lui aussi québécois d’origine maghrébine et de culture musulmane, pose la question L‘Islam et les musulmans sont-ils hégémoniques… ? et lui répond en ces termes :

« La revendication d’organisations islamistes en vue de l’institution d’une journée contre l’islamophobie au Canada est encore un de ces leurres que seuls les naïfs et les ignorants évitent de voir. […]

Je termine en répondant à ma question titre :

Oui ! Les Musulmans qui mettent de l’avant leur religiosité ont cette propension maladive à devenir extrémistes, hégémoniques et suprématistes. […]

Alors, prenons garde, réveillons-nous et agissons rapidement pour rejeter cette stupide demande de “journée contre l’Islamophobie” comme toutes celles qui lui ressemblent. […] »

La proposition du CNMC ne ferait rien pour empêcher des événements comme la tuerie de la mosquée de Québec. Au contraire, cela en augmenterait les risques car cela créerait un ressentiment de la population contre les musulmans à cause de ce traitement de faveur que reçoit l’islam. Pourtant, ce traitement de faveur n’avantage que les plus intégristes et rigoristes des musulmans — c’est-à-dire, ceux ayant des prétentions politiques, ceux à tendance islamiste. Les gens de culture musulmane qui ne veulent que s’intégrer à la société québécoise ou canadienne, qui veulent vivre dans un pays moderne où la religion ne domine pas tout, seront désavantagés. Ils sont déjà pris dans un étau entre les promoteurs de l’islam politique qui prétendent (faussement) parler au nom de tous les musulmans et la population non-musulmane qui s’inquiète, à raison, de l’essor de cet islamisme. Une journée contre l’« islamophobie » ne ferait qu’empirer cette situation difficile et dangereuse.

Le chroniqueur Joseph Facal nous explique les dangers :

« Une journée officielle contre l’islamophobie donnerait la légitimité de l’État à un mot souvent utilisé avec une arrière-pensée politique. Si vous enfoncez dans la gorge de la majorité ce mot qui prend des allures de procès collectif, devinez qui seront les premières victimes du boomerang qui reviendra : ces musulmans, l’immense majorité, qui ne dérangent personne. Souligner le 29 janvier ? Absolument, mais gare aux mots piégés, dont on devrait soigneusement examiner qui les utilise le plus et pourquoi. »

André Lamoureux, porte-parole du Rassemblement pour la laïcité (auquel participe notre association LPA) nous rappelle que c’est ce même CNMC qui conteste l’interdiction du couvre-visage dans la fonction publique québécoise :

« Ainsi, après s’être lancé dans la contestation judiciaire des prescriptions de la loi 62 visant l’interdiction du niqab et de la burqa aux fins de prestation et de réception des services publics, le Conseil national des musulmans canadiens […] instrumentalise cet événement tragique pour relancer une croisade contre “ l’islamophobie ” […] concept stratégique privilégié depuis les années 1980 et 1990 par la Ligue islamiste [sic] mondiale et l’Organisation de la coopération islamique (largement dominée par l’Arabie saoudite) qui propagent l’idéologie islamiste et combattent férocement toute remise en question de ses dogmes. »

Six québécois ont été tués dans cet attentat en janvier 2017. Six québécois (et 14 autres personnes), des travailleurs humanitaires, ont perdu la vie dans un attentat islamiste à Ouagadougou, Burkina Faso, en janvier 2016. Camille Carrier, qui a perdu plusieurs membres de sa famille dans cette atrocité, s’oppose avec colère à une journée annuelle contre l’islamophobie. Fera-t-on une journée contre le terrorisme islamiste en janvier ? Fera-t-on aussi une journée contre le québécophobie pour commémorer l’événement du Metropolis à Montréal, le 4 septembre 2012 ? Il s’agit en effet de terrorisme anglo et d’une tentative d’assassinat politique.

Le Parti Libéral du Québec (PLQ), avec Québec solidaire (QS), s’est d’abord montré favorable à la proposition du CNMC. Mais le Parti Québécois (PQ) et la Coalition Avenir Québec (CAQ) ont rejeté l’idée, en particulier l’utilisation du terme « islamophobie ». La députée Agnès Maltais, porte-parole du PQ en matière de laïcité, a précisé toutefois que son parti tient à la tenue d’un événement rassembleur le 29 janvier.

Quant au gouvernement fédéral du Parti Libéral du Canada (PLC), il a pris acte de la requête du CNMC, mais sans l’endosser.

Mais quelques jours plus tard, le PLQ a retiré son appui pour la proposition du CNMC, la réaction tiède d’Ottawa y étant peut-être pour quelque chose. Une journée nationale contre l’islamophobie n’est pas pertinente, a déclaré Philippe Couillard.

Finalement, la tiédeur du PLC et la volte-face du PLQ constituent des signes encourageants. Dans un contexte où les deux niveaux gouvernementaux ont l’habitude de faciliter l’islam politique en se pliant à son discours victimaire, le PLC et le PLQ commencent apparemment à reconnaître que la population n’est pas aussi dupe qu’eux. Les gens sont fatigués de se faire intimider par de fausses accusations d’« islamophobie », de racisme et de xénophobie. Le gros bon sens commence à avoir raison de la propagande islamofasciste.

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