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Islam et libre pensée

Publié Par jean.meslier Sur 2017-01-13 @ 22h01 Dans | 3 commentaires

Ce document est aussi disponible en anglais [1] et en espagnol [2].

  1. L’islam est une religion comme les autres. En tant que libres penseurs, nous devons la traiter comme les autres, la critiquer comme les autres, ne lui accorder aucun privilège, ni la cibler plus que les circonstances ne le dictent. Sans oublier la responsabilité historique des religions, notre critique doit concorder avec la virulence actuelle de chaque religion, avec le danger qu’elle représente à l’heure actuelle. Nous constatons qu’aujourd’hui l’islam prend une importance particulière, de par ses prétentions et ses avancées récentes destructrices. Justement, les circonstances nous dictent de nous y pencher sérieusement.
  2. Lequel est pire : le christianisme ou l’islam ? Le christianisme est sûrement plus dangereux que l’islam aux États-Unis, en Amérique latine et en Afrique subsaharienne, par exemple, tandis qu’en Europe le premier se trouve quelque peu apprivoisé après 2000 ans, bien que tout soit réversible. Mais globalement et actuellement, c’est sans doute l’islam, ou du moins sa variante politisée, qui menace davantage les libertés, les acquis de l’Humanité et son progrès.
  3. Islamisme, islam politique, islam radical, intégrisme musulman, islamofascisme, fanatisme islamiste et ainsi de suite, autant d’expressions qui signifient toutes une variante hautement politisée et extrêmement virulente de l’islam. Le choix de la meilleure appellation demeure discutable, chacune ayant ses avantages et ses désavantages (par exemple, l’intégrisme peut très bien ne pas être violent ; le fascisme est peut-être un terme trop moderne dans les circonstances), mais une chose est certaine : peu importe l’expression choisie, ce phénomène existe, il sévit actuellement et il fait des ravages à la fois physiques et idéologiques.
  4. Cette variante politisée de l’islam n’est pas moins légitimement musulmane que toute autre variante : en effet, étant donné que les livres dits « saints » tels que le coran disent tout et son contraire, on peut aisément trouver des passages prônant la paix autant que d’autres prônant la violence extrême contre les « mécréants » et tout ce qui n’est pas suffisamment musulman, voire des appels au génocide. L’islam politique n’est ni une déformation ni une extrapolation outrancière de l’islam ; au contraire, c’est tout simplement une interprétation tout à fait plausible de la religion musulmane.
  5. La virulence actuelle de l’islam politique a des causes distales ou fondamentales ainsi que des causes proximales ou récentes. Les causes fondamentales sont évidentes et nommées au point précédent : cette interprétation politique de l’islam fait partie intégrante de cette religion depuis ses débuts il y a 14 siècles. D’ailleurs, ces tendances politiques, fortement obscurantistes, ont été renouvelées à plusieurs reprises depuis, par exemple : par l’anti-philosophie de Hamid Al-Ghazali au XIe siècle, par le wahhabisme fondé par Ben Abdelwahhab au XVIIIe siècle, par la Société des Frères Musulmans fondée par Hassan el-Banna en 1928, par l’instauration de la théocratie de Khomeini en Iran en 1979. Le caractère totalitaire de l’islam qui règle tous les aspects de la vie humaine, aussi bien privée que publique, favorise une telle interprétation.
  6. Les causes plus récentes de l’essor de l’islam politique sont les incursions militaires et économiques des puissances de l’Ouest – les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et leurs alliés – dans plusieurs pays de culture musulmane, surtout au Moyen-Orient, entre autres, en finançant des mouvances islamistes très rétrogrades et leur formations militaires. Ces incursions ont grandement déstabilisé ces régions, affaiblissant ou détruisant des régimes ayant des orientations plus laïques, causant des dégâts considérables et de la misère humaine énorme, ouvrant ainsi une boîte de Pandore, permettant à l’islamisme radical de se déployer. Mais ces bévues des puissances occidentales n’ont pas créé le problème. Au contraire, elles n’ont fait que libérer un monstre pré-existant.
  7. Les islamistes, ayant un programme politique totalitaire et théocratique qui ne reconnaît aucune séparation entre État et religion – pourvu, bien sûr, que cette religion soit la bonne, la leur évidemment – s’opposent farouchement aux droits de la personne et surtout à la laïcité. Ils vouent donc une haine féroce à la France dont la culture épicurienne leur fait horreur et dont le modèle laïque, sans doute le plus avancé au monde malgré ses lacunes, est pour eux une manifestation diabolique.
  8. L’islam dans sa variante politique, prône – tout comme le christianisme politisé, d’ailleurs – la conquête du monde. Pour promouvoir ce programme, il dispose de trois principales armes : le voile, la propagande et la terreur.
  9. Le voile sous toutes ses formes, qu’il soit hijab, tchador, niqab, burqa ou burkini, entre autres, est un étendard identitaire de cette mouvance islamiste. Le voile islamiste n’est pas musulman au sens large du terme, car il n’appartient qu’à la frange fanatique islamiste. Il représente et véhicule les valeurs de cette mouvance, surtout son extrême misogynie. Le voile est un asservissement de la femme, un torchon ignoble. L’imposition de ce voile et l’abrogation de toute mesure légale qui limiterait son port de quelque façon que ce soit constituent un impératif pour l’islam politique. L’islamisme instrumentalise le corps des femmes afin de lutter contre la laïcité, contre la liberté de conscience et contre les autres libertés fondamentales. Prétendre que le voile islamiste n’est qu’un vêtement comme les autres n’est qu’un sophisme ridicule. La discrimination et l’oppression des femmes existent dans d’autres religions comme un instrument du pouvoir patriarcal mais c’est l’islam qui pousse la misogynie à l’extrême, en accordant à la femme un statut sous-humain : son témoignage vaut la moitié de celui de l’homme devant la cour de sharia.
  10. La propagande islamiste instrumentalise le langage des droits de la personne pour lutter contre les droits de la personne. Ceux et celles que s’opposent au programme liberticide des islamistes sont accusés de « racisme » – même si la religion n’a rien à voir avec la race et n’est surtout pas un attribut inné de l’individu – ou d’« islamophobie » – terme déloyal qui sert à censurer par intimidation la nécessaire critique de l’islam et de l’islamisme. Cette propagande se sert très librement du langage de la liberté de religion afin de promouvoir son programme politico-religieux au détriment de tout autre ; au fait, il s’agit de gagner des privilèges religieux dissimulés sous le terme « droits » et en superposant la liberté religieuse à toute autre liberté.
  11. Quant au terrorisme islamiste, il sème la peur, le choc et la désorientation parmi la population. Il est complémentaire aux démarches légales pour faire normaliser et banaliser le port du voile partout, c’est-à-dire que le djihad violent est complémentaire au djihad légal. La terreur vise aussi à créer une attitude de méfiance à l’égard de l’ensemble des musulmans et par ricochet un sentiment de persécutés chez les musulmans ordinaires, ceux et celles qui n’ont rien à foutre avec la violence des islamistes, et ce, afin de promouvoir la fausse idée que les musulmans constituent une communauté unie, voire monolithique. Cela est particulièrement injuste et dangereux pour les ex-musulmans, cela constitue un obstacle à la laïcisation des sociétés musulmanes et cela favorise le recrutement de nouveaux et de nouvelles djihadistes.
  12. Face à la menace islamiste, nous constatons qu’une partie de la gauche – qui, selon les valeurs normalement véhiculées par la gauche, devrait critiquer toute mouvance politique fondée sur l’obscurantisme religieux – fait sérieusement défaut. Au lieu de s’atteler à la tâche nécessaire de critiquer l’islam avec la même vigueur qu’elle utilise pour critiquer le christianisme, cette gauche affiche une honteuse frilosité. Elle se plie à la campagne islamiste de promotion du voile, elle fait sienne la propagande islamiste en lançant de fausses accusations d’« islamophobie » ou de « racisme » ou pire contre ceux et celles qui ne s’y plient pas ; elle refuse de nommer clairement et franchement les coupables d’actes terroristes. Les raisons de cette frilosité sont diverses et controversées – culpabilité postcoloniale ? culpabilité chrétienne ? angélisme chrétien ? solidarité aveugle avec les opprimés qui empêche de voir qu’eux-mêmes sont oppresseurs? tactique naïve selon laquelle l’ennemi de son ennemi (impérialisme américain) serait son ami? Quoiqu’il en soit, cette démission d’une certaine gauche conforte énormément la mouvance islamiste.
  13. Étant donné l’existence de cet islam politique (on peut préférer un autre terme de la liste du point (3) et ses nombreuses percées, parfois violentes, parfois légales, parfois socioculturelles, il est important de bien nommer cette tendance politique, surtout dans des circonstances extrêmes. Rappelons la célèbre observation d’Albert Camus, si bien exprimée par Éric Fottorino : « Mal nommer les choses, jugeait Camus, c’est ajouter au malheur du monde. Ne pas nommer les choses, c’est nier notre humanité. » Par exemple, lorsqu’un attentat terroriste fait de nombreux morts – comme ceux de Paris et de Nice – et que les motivations islamistes des auteurs sont évidentes, alors ne pas nommer cette idéologie relève de la plus abjecte lâcheté politique.
  14. Une bonne partie de la gauche s’étant abstenue de bien faire face à la menace islamiste et à ses desseins anti-laïques, les partis de droite ont souvent profité de la situation pour s’ériger en critiques de l’islam et en défenseurs de la laïcité. Le responsable de cette situation est d’abord et avant tout la gauche démissionnaire. La droite, opportuniste, ne fait que s’installer dans le vide laissé par cette gauche.
  15. Que faire, alors, face à cette menace particulièrement intraitable ? La première étape, c’est de la nommer et de la décrire honnêtement, ce qui est le but du présent texte. Ensuite, il faut se porter à la défense de la laïcité, sans concessions ni épithètes, celle à laquelle s’opposent avec véhémence les islamistes. Il faut promouvoir l’idée d’interdire des signes religieux chez les fonctionnaires d’État au travail, ainsi qu’interdire également les couvre-visage à la fois chez les fonctionnaires et chez les usagers des services publics. Évidemment, le choix ou non de ce genre de démarche dépendra de la volonté de l’électorat dans chaque pays souverain. L’interdiction des couvre-visage partout en public, comme c’est déjà le cas en France, est une mesure plus forte, mais tout à fait envisageable. Finalement, la possibilité d’interdire le port de signes religieux par les employés et employées du secteur privé n’est pas exclue, à condition que de telles mesures soient encadrées par une législation qui assure une application égale à toutes les religions sans distinction.
  16. Plus généralement, il faut reconnaître que l’islam, comme le christianisme et toute autre grande religion, est fondamentalement dangereux. Au lieu d’une réforme, à l’exemple de la Réforme protestante, l’islam a plutôt besoin de Lumières. Finalement, il faut s’opposer simultanément aux deux droites, tant la droite chrétienne nationaliste que la droite islamofasciste.

David RAND (Canada)
Nina SANKARI (Pologne)
David SILVERMAN (États-Unis)


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[4] [5]

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[1] en anglais: http://www.atheology.ca/islam-and-freethought/

[2] en espagnol: https://www.atheologie.ca/islam-y-libre-pensamiento/

[3] disponible en version PDF: https://www.atheologie.ca/pdf/autres/islam_et_libre_pensee.pdf

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