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Blogue 065 : La théologie est-elle nuisible à l’humanité ?

Publié Par jean.meslier Sur 2015-11-02 @ 14h36 Dans | 21 commentaires

Marco DeRossi

2015-11-12

« LA THÉOLOGIE, C’EST SIMPLE COMME DIEU ET DIEU FONT TROIS. »
Jacques Prévert

Le 20 septembre 2015, l’Association Internationale de Libre Pensée, lors de son Ve Congrès, tenu à Montevideo, Uruguay, présentait sa déclaration afin que l’argent public ne serve plus à financer les églises et les religions :

« Nous récusons l’idée que la religion serait une catégorie à part dans la palette des convictions de l’Humanité. Et qu’il faudrait lui conférer un statut particulier qui interdirait de la soumettre à la critique rationnelle et humaine. Et qu’il faudrait, en surplus, qu’elle soit financée par les fonds publics, produits par l’ensemble des contributions des citoyens soumis à l’impôt ».

Déclaration de l’AILP [1]

En effet pourquoi les religions seraient-elles distinctes des autres absurdités, que sont l’astrologie ou la cartomancie ? Pourquoi devrions-nous payer pour cela ?

La théologie est l’étude et le faire valoir des religions, en se basant sur la définition de la philosophie spirituelle et ésotérique, la théologie serait un discours parmi d’autres, qui consiste en l’étude des doctrines, prétendues « divines », ainsi que du fait religieux, selon l’interprétation des textes dits « sacrés ». En lien avec cette définition, voici une interprétation du pape Léon XIII qui malheureusement, fait encore office de credo aujourd’hui :

« le théologien sérieux et instruit ne doit pas négliger l’interprétation des dogmes, appuyée sur l’autorité de la Bible. La théologie, en effet, ne tire pas ses principes des autres sciences, mais immédiatement de Dieu par la révélation. Et aussi, elle ne reçoit rien de ces sciences, comme lui étant supérieures, mais elle les emploie comme étant ses inférieures et ses servantes ».

Providentissimus Deus [2], Lettre encyclique de sa sainteté le Pape Léon XIII (1893)

En fait, le sens étymologique du mot théologie correspond littéralement à l’expression « raison de Dieu ». Or, il n’y a rien de raisonnable dans la recherche de Dieu, la théologie représente à la fois un antagonisme ainsi qu’un non-sens, car la croyance en Dieu provient d’un manque de connaissance et l’expérience de Dieu, d’un désordre psychique bien identifié par les neurosciences. Issue de la métaphysique, la théologie ne repose nullement sur une base expérimentale ou empirique, elle est bien inférieure à la démarche scientifique. Par le biais d’une réflexion—qui, par le fait même, ne peut être systématique—on peut lui faire dire tout ce que l’on veut. On ne retrouve rien de scientifique dans la théologie, car elle consiste en l’étude de conceptions subjectives de la réalité représentée par différentes doctrines qui s’opposent et s’entremêlent. D’ailleurs, il n’existe pas de théologie universelle faisant consensus, comme pour la science, car les divers textes sacrés sont, pour la plupart, nébuleux quant à leur interprétation, et diffèrent pour chacune des religions. De plus, la théologie ne devrait aucunement être une discipline de recherche critique puisqu’elle ne remet aucunement en cause ses propres fondements, qui sont, il va s’en dire, sans fondements. Elle ne s’appuie nullement sur la rigueur intellectuelle, car elle place la foi au-dessus de la raison.

Il est alors fortement déplorable que des programmes de formation théologiques soient offerts à l’universitaire car ceux-ci ne s’appuient que sur une tradition de croyances. Ces formations tentent d’apporter une crédibilité à la foi, qui n’est qu’une mesure de l’intensité personnelle d’une conviction irrationnelle. En d’autres mots, la théologie cherche à exprimer le contenu de la foi religieuse dans un langage se voulant cohérent, sans toutefois y parvenir. Y-a-t-il quelque chose d’intelligible au mystère de la Sainte Trinité, de la résurrection, de la réincarnation, des anges, du paradis, etc. ? Non ! Conséquemment, les théologiens se perdent en conjectures pour tenter d’expliquer l’indéchiffrable.

Plusieurs universités à travers le monde offrent des programmes dits de sciences religieuses; c’est aussi aberrant que de dire, science des croyances ou science des mythologies, puisqu’on n’y explique et n’y prouve rien. De nos jours, les penseurs universitaires et le genre humain devraient avoir assez évolués pour savoir que les croyances, tout comme les religions, n’ont rien de scientifique. En fait, contrairement à une théorie, une croyance fait défaut de deux dimensions : elle n’a pas de cadre théorique ayant une puissance explicative, ni de base expérimentale probante et concluante.

Pourquoi les universités offrent-elles encore ces programmes de formation ? Pourtant, les aspects sociologique, anthropologique, psychologique, linguistique et autres sont déjà couverts pas les autres facultés universitaires. Que reste-t-il à la théologie proprement dite pour occuper un programme ? Rien ! Au Québec, nous avons de nombreuses facultés de théologie : Laval, Sherbrooke, Montréal, McGill, Concordia, et certaines composantes de l’Université du Québec. N’y aurait-il pas là des économies importantes à réaliser ?

Les universités francophones enseignent la théologie catholique, les autres, la théologie protestante et évangélique. Qui a la vérité ? Pour faire un parallèle, demandons-nous quelle est la différence entre l’ufologie et la théologie ? Ces deux domaines traitent de croyances en des entités extra-terrestres, mais la théologie trouve le moyen d’être enseignée à l’université ! Si l’ufologie devait être propagée à l’université, nous ne pourrions—sur ces mêmes critères—lui accorder aucune acceptabilité. Que représente alors la valeur d’une maîtrise ou d’un doctorat en théologie ?

La théologie ne remet pas en cause ses propres fondements, pas plus qu’elle n’a la volonté de s’opposer aux croyances dans nos sociétés. En fait, la religion ne représente qu’un stade primitif de l’évolution de la raison humaine ; elle devrait être supplantée par la démarche objective scientifique. L’enseignement de la théologie, dans la sphère publique, comporte un caractère récusable. Il est en effet inacceptable au Québec de ne pas considérer la séparation totale entre l’Église et l’éducation, tel que stipulé dans le rapport Parent [3] des années 60. L’incursion du religieux dans la sphère pédagogique universitaire préconise un caractère d’autant plus insidieux que le relativement simple débat sur le port de signes ostentatoires par certains employés de l’État, ou encore, sur le port du niqab devant une séance d’assermentation à la citoyenneté canadienne. Pourquoi ? Parce que les pitreries accessoires sont la résultante des absurdités enseignées.

Force est de constater une certaine désaffectation des programmes en théologie. Les étudiants les désertent, et pour cause, car ces formations ne sont plus adaptées à notre société (évoluée et progressiste) d’aujourd’hui. Doit-on se féliciter de voir les effectifs en théologie diminuer ? Doit-on simplement attendre qu’ils soient en extinction par sélection naturelle ? Non, car les fonds publics continuent d’être dilapidés dans des programmes visant la défense du fait religieux. Le cours d’Éthique et culture religieuse (ÉCR) dispensé au secteur jeune au Québec en est un bon exemple. Le nouveau programme de l’Université Sherbrooke, sous la dénomination « Centre d’Études du Religieux Contemporain », en est un autre.

Les croyances rongent nos sociétés et le fait de croire apparaît comme une drogue qui empêche les individus d’affronter la réalité avec lucidité. Les croyants se jettent sur la substance immatérielle et en redemandent. En fait, pour arriver à croire, il s’avère nécessaire d’éluder tout processus de doute, pourtant essentiel en science, car on ne peut croire et douter en même temps. Tout en s’opposant à la raison, croire apparaît tout à fait comme une conviction statique. En somme, la théologie fait l’apologie de la croyance, et c’est pour cela qu’elle est si nuisible à l’évolution humaine. Les croyances sont nuisibles, car elles maintiennent les gens dans des allégories et empêchent notre quête de connaissances objectives. Les croyances s’opposent à la libre pensée, elles sont liberticides et statiques. L’enseignement des dogmes représente un frein à l’évolution sociale.

[4] [5]

Publication imprimé sur Libres penseurs athées: https://www.atheologie.ca

URL de l’article: https://www.atheologie.ca/blogue-065/

URL de cette publication.

[1] Déclaration de l’AILP: http://www.internationalfreethought.org/spip.php?article493

[2] Providentissimus Deus: http://www.vatican.va/holy_father/leo_xiii/encyclicals/documents/hf_l-xiii_enc_18111893_providentissimus-deus_fr.html

[3] rapport Parent: https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_tranquille#.C3.89ducation

[4] : https://www.facebook.com/sharer/sharer.php?u=https%3A%2F%2Fwww.atheologie.ca%2Fblogue-065%2F

[5] : http://twitter.com/intent/tweet?text=Blogue%20065%C2%A0%3A%20La%20th%C3%A9ologie%20est-elle%20nuisible%20%C3%A0%20l%E2%80%99humanit%C3%A9%C2%A0%3F&url=https%3A%2F%2Fwww.atheologie.ca%2Fblogue-065%2F

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