Blogue 071 : Orlando, le terrorisme islamiste au service de l’homophobie religieuse

David Rand

2016-06-17

Combien de fois encore devrons-nous rappeler cette célèbre citation d’Éric Fottorino ?

Mal nommer les choses, jugeait Camus, c’est ajouter au malheur du monde. Ne pas nommer les choses, c’est nier notre humanité. (Source)

L’horrible attentat d’Orlando, faisant une cinquantaine de morts et autant de blessés, n’est pas un événement aléatoire, sans cause et sans explication connues. Mais c’est l’impression que l’on aurait à l’écoute de certains médias et de certains intervenants. Québec Solidaire, par exemple, a fait une déclaration dans laquelle nous ne trouvons aucune mention ni de religion, ni d’islam. On dénonce l’homophobie, mais l’origine de cette dernière demeure apparemment un mystère pour QS.

Or, il ne suffit pas de dénoncer la haine. Il faut identifier le mal à l’origine de cette haine, il faut dénoncer sa cause. Dans le cas de l’attentat d’Orlando, ce mal se nomme homophobie religieuse et sa cause s’appelle islam.

Bien sûr qu’il est impossible de connaître avec une certitude absolue les motifs du tireur. Mais nous avons de très bons indices. Le tireur était un musulman avec des tendances islamistes radicales et avait déjà été fiché par le FBI. Il a juré fidélité à l’État islamique lors d’un appel téléphonique fait durant le massacre. Son père, originaire de l’Afghanistan, serait un sympathisant des talibans. D’ailleurs, après l’attaque, le père a critiqué son fils, non pas pour son extrême antipathie à l’égard des gais, mais pour avoir tué lorsque c’est dieu qui aurait dû appliquer cette punition.

Le tireur a passé à l’acte pendant le mois du Ramadan, un mois où les chefs religieux préconisent une piété accrue, ce qui favoriserait le djihad chez les extrémistes. Nous savons que, dans une mosquée de la région, le centre islamique Husseini à Sanford, un prédicateur invité a prôné la mort pour les homosexuels, sans que ses propos soient critiqués par la mosquée. Nous savons aussi que plusieurs théologiens musulmans importants expriment une position semblable, par exemple Youssef Al-Qaradawi des Frères musulmans, qui s’interroge sur la bonne façon de tuer ces « êtres nocifs » que sont les gais.

L’homophobie en islam est si répandue qu’elle doit être considérée comme la norme. Par exemple, un sondage d’Environics de musulmans au Canada en 2016 a trouvé que seulement 26% estiment qu’il est possible d’être musulman pratiquant vivant ouvertement dans une relation gaie ou lesbienne.

Il y a, bien sûr, d’autres causes et d’autres enjeux dans cette affaire. Il y a la question du contrôle des armes à feu aux États-Unis. Il y a l’ambiance extrêmement homophobe créée par les fanatiques de l’extrême droite chrétienne dans ce pays, en particuler la réaction de cette droite à la récente décision de la Cour Suprème américaine légalisant le mariage gai dans tout le pays. Il y a bien entendu la question de l’hégémonie militaire mondiale des États-Unis, souvent utilisée par une certaine gauche complaisante face aux atrocités commises par des extrémistes islamistes, une gauche prétendûment progressiste qui trop souvent abandonne lâchement toute position critique face au religieux.

Mais tous cela ne change en rien le fait primordial que ce massacre est le résultat de l’homophobie religieuse musulmane.

En tant qu’athées, nous sommes solidaires avec les gais, les lesbiennes et les autres minorités sexuelles, cibles de l’homophobie musulmane et de la dysfonction sexuelle — pour ne pas dire pathologie — qui fait partie intégrante de la théologie musulmane. Oui, plusieurs autres religions sont homophobes, en particulier les autres monothéismes, le christianisme et le judaïsme — mais dans ce cas, c’est un fanatique islamiste qui a appuyé sur la gâchette afin de tuer ses nombreuses victimes. Nous sommes aussi solidaires avec les ex-musulmans et les ex-musulmanes, ceux et celles qui ont eu le courage — souvent à grands risques personnels, même au péril de leur vie — de laisser tomber ce fardeau onéreux qu’est islam.

Nous ne condamnons évidemment pas l’ensemble des musulmans, nous ne leur faisons pas, à tous, porter le blâme pour ce crime atroce. Nous savons que les musulmans et surtout les musulmanes sont eux-mêmes et elles-mêmes les premières victimes de cette idéologie totalitaire, qui souvent contraint par une répression sans relâche les fidèles au silence et à une obéissance abjecte. Ceci est d’autant plus vrai pour les musulmans homosexuels. Si l’homophobie religieuse fait des ravages aux États-Unis, elle en fait cent ou mille fois plus dans les théocraties islamistes.

Toutefois, nous savons fort bien que la nature soi-disant « marginale » du radicalisme musulman est un mythe. L’assertion que les extrémistes islamistes ne constituent qu’une petite minorité des musulmans est fausse. Pire, c’est un mensonge, car des sondages de bonne qualité nous amènent à une tout autre conclusion. Par exemple, une étude du Pew Forum en 2011 et 2012 a trouvé qu’au moins des dizaines et probablement des centaines de millions de musulmans dans le monde appuient la peine de mort pour apostasie, c’est-à-dire pour avoir renoncé à l’islam. Il y a, bien entendu, plusieurs façons de définir l’extrémisme, mais à mon avis le simple fait de criminaliser l’apostasie, peu importe la sévérité de la peine imposée, est extrémiste. C’est la négation absolue de la liberté de conscience.

Vous avez peur que cet attentat d’Orlando soit instrumentalisé afin de persécuter les musulmans en général ? Ils sont déjà très sérieusement persécutés par l’islam lui-même. Vous voulez les aider ? Voici plusieurs façons (liste non exhaustive bien sûr) :

  1. Appuyer les partisans de la laïcité dans le monde musulman et issus du monde musulman. Par exemple, il existe ici au Québec l’Association québécoise des Nord-Africains pour la laïcité (AQNAL) qui a appuyé la Charte de la laïcité. Les gens d’AQNAL veulent vivre dans un pays où les individus ne sont pas étiquetés selon leur appartenance religieuse et où l’État est indépendant de toute religion, car ils savent trop bien la menace que représente la religion au pouvoir.
  2. Appuyer les gens dans le monde musulman qui défient les pires contraintes liberticides de l’islam, par exemple les femmes qui refusent de porter le voile, les gens qui refusent de se conformer au jeûne du Ramadan ou les gais qui essaient tout simplement de vivre.
  3. Faire des analyses et des critiques des dogmes et des préceptes de l’islam et les publier sur Internet ou dans la presse. Elles constitueront une précieuse ressource pour les musulmans privés de leur liberté d’expression dans les théocraties musulmanes et dans les pays à tendance théocratique. L’Internet est un outil important pour miner le pouvoir des tyrans.
  4. Travailler pour la liberté de conscience de tous et de toutes, partout dans le monde, et en particulier pour le droit d’apostasier. Rappelez-vous que dans de nombreux pays à majorité musulmane, l’apostasie — c’est-à-dire quitter l’islam — est un crime puni de peines sévères, parfois même la mort. Une fois ce droit acquis, les gens pourront pratiquer ou non cette religion, tandis que ceux et celles qui y resteront y auront adhéré par choix et non par obligation.
  5. Vous pouvez aussi vous joindre à notre association Libres penseurs athées ou à tout autre organisme comme le nôtre dont le travail vise des buts semblables.

Finalement, ce qu’il ne faut surtout PAS faire, c’est de se laisser intimider par les fausses accusations de soi-disant « islamophobie ». Ce terme déloyal sème la confusion entre la saine et nécessaire critique de l’islam en tant qu’idéologie d’une part, et le préjugé contre les musulmans en tant que personnes. Cette accusation est utilisée par les islamofascistes et leurs dupes afin de censurer cette nécessaire critique. D’ailleurs, le suffixe « -phobie » implique une peur irrationnelle, mais il n’y a rien d’irrationnel à remettre en cause les croyances religieuses comme celles de l’islam. Censurer ces critiques est une atteinte aux droits de tous, et en particulier aux droits des musulmans eux-mêmes et des musulmanes elles-mêmes.

7 commentaires sur “Blogue 071 : Orlando, le terrorisme islamiste au service de l’homophobie religieuse
  1. Gilbert Corniglion dit :

    Excellent.
    J’approuve.
    Il est temps de parler clairement et fermement : le principal moteur contemporain de l’homophobie symbolique et physique en quantité (voir sondages PEW, les masses de croyants musulmans approuvant les “punitions” “méritées” par les “pécheurs” sic), en qualité (la “justification” sic par un texte “parfait” sic et divin sic de la diabolisation des gais) et en moyens (les ressources financières de la barbarie saoudite, riche des pétro$$$ que leur livrons en achat de carburant, qui finance mosquées et prédicateurs salafistes).
    Un danger croissant.
    Un danger nié voire facilité par les progressistes qu’on croirait alarmés par l’irruption planétaire de cette homophobie (et de la misogynie qui y est associée) meurtrière.
    Un danger croissant, une défense s’affaiblissant.
    Déjà de quoi s’alarmer.
    De plus, les drames qui occupent les premières pages, détournent l’attention citoyenne (ce n’est pas forcément l’intention des fondamentalistes qui trouvent nulle part trace de ces préoccupations dans leurs livres sacrés sic supposés sources de toute sagesse et de tout savoir) des alarmants enjeux environnementaux, démographiques et démocratiques.
    Ça ferait 3 solides raisons de se mobiliser.

  2. Ferid Chikhi dit :

    [Ce commentaire a été corrigé 2016-06-19 à 14h30 selon les corrections demandées par l’auteur.]

    Le titre est bon mais une partie du texte devrait être révisée et précisée, et pour cause, deux distinctions doivent être faites pour trouver le chemin critique qui mènerait à l’atteinte des objectifs assignés.

    1) Séparer l’Islam de l’Islamisme (Wahhabisme et Salafisme, etc. ). Partir de l’idée que c’est l’Islam qui est la cause des dérives terroristes et de la radicalisation c’est faire fausse route et noyer la véritable cause dans l’océan musulman qui ne se limite pas seulement à un seul rite et à quelques dogmes répartis à travers le monde.

    2)Selon toute vraisemblance, l’homophobie est largement répandue dans le monde musulman. Cependant, si elle l’est ce n’est pas contre les LGBT du monde occidental, elle l’a était et elle l’est d’abord et avant tout contre les musulmans LGBT.

    Contrairement à ce qui est véhiculé, par ci et par là, ce ne sont pas toutes les masses musulmanes qui sont homophobes mais les groupes islamistes.

    Enfin, la lutte contre le salafisme, le wahhabisme et leurs effets sur les musulmans et le reste du monde ne saurait être efficace et porteuse d’espoir que si tous les intervenants s’entendent que ces idéologies doivent être combattues dans tous les milieux sociaux, culturels, scolaires, politiques et même dans les institutions étatiques.

  3. Pierre Cloutier dit :

    M. Chikhi,
    La source principale de la haine se trouve dans le Coran lui-même et de façon plus précise dans les versets médinois du Coran. Tant et aussi longtemps que les musulmans ne dénonceront pas HAUT et FORT, ces versets, ils ne seront pas crédibles à mes yeux. Le philosophe musulman qui avait compris cela, le soudanais Mohammed Taha a été tué sur ordre de l’Azhaar.

  4. Ferid Chikhi dit :

    Faux débat que cette proposition d’une lecture univoque du Coran.

    Sans vouloir aller dans une discussion qui n’aura pas de fin, il est de circonstance que bien des donneurs de leçons qui font une lecture littérale du Coran en restant figés sur le revers de la médaille veulent imposer leurs perceptions en évitant de regarder l’envers de la médaille, celui qui est lu, vu et pratiqué par plus d’un milliard et demi d’individus et des centaines de cultures différentes pour beaucoup et complémentaires pour d’autres.

    Il y a bien entendu les succédanés – Salafisme, Wahhabisme, Frères Musulmans – etc… et personne ne dira qu’Ils usent de la partie sombre du Coran, de la Chari’a et de coutumes régressive et violentes pour s’Imposer non pas en tant que religion mais comme idéologie.

    Mon avis s’arrête ici.

  5. Pierre Thibault dit :

    On parle souvent des personnes se disant musulman comme si c’était un fait mais, il faut se rappeler, et aussi rappeler aux autres, que les musulmans se disent souvent être musulmans sous la contrainte. Il y a un certain imam, dont je ne me rappelle plus le nom, qui nous a récemment rappelé la nécessité de la peine de mort pour apostasie car autrement ça serait, selon lui, la fin de l’islam. Ces imams sont souvent d’une grande honnêteté. Ce qui revient à dire que si on appelle les gens qui se disent musulman musulmans alors, on tend à les stigmatiser davantage. Devrait-on alors dire «les gens qui se disent musulman, car pour beaucoup, ne pas se dire musulman n’est pas sans danger »? Ou plus simplement, « les gens qui se disent musulman ». Je pense que cela mérite réflexion.

    Obama qui nous a dit que de tels attentats salissaient cette grande religion qu’est l’islam. Comment pourrait-on mieux ignorer la violence de la réalité islamique.

  6. SERGE trottier dit :

    20 juin 2016 libres penseurs athées.
    voici un homme qui mérite un prix Nobel d’anti dieu; GEORGE carlin https://www.youtube.com/watch?v=EqQKVGjO4hI
    longue vie à notre association, où puis-je avoir la certitude que j’ai signé le manifeste.?

  7. David Rand dit :

    Bonjour M. Trottier,
    Au menu principal du site, cliquez sur :
    Manifeste –> Signataires de notre Manifeste athée
    Vous êtes le numéro 1447, le 7 juin 2016.
    Merci !

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