Blogue 124 : L’obsession malsaine anglo-canadienne pour l’islam empire

David Rand

2021-07-01

Depuis une attaque meurtrière au véhicule contre une famille à London, en Ontario, le 6 juin 2021, les médias et les politiciens du Canada anglais ont approfondi leur obsession malsaine pour l’islam. Le gouvernement Trudeau a même proposé une nouvelle loi pour lutter contre les propos haineux en ligne, malgré le fait qu’aucune présence sur les réseaux sociaux n’a pu être trouvée pour le tueur.

Lorsque Nathaniel Veltman, 20 ans, a visé la famille Afzaal de cinq personnes avec son camion, en tuant quatre et en envoyant à l’hôpital le seul survivant, un garçon de neuf ans,, la police a annoncé immédiatement qu’il s’agissait, à leur avis, d’un geste délibéré et d’un crime haineux motivé par un préjugé anti-musulman. Cette hypothèse est plausible, étant donné les circonstances : la famille était visiblement musulmane ; le chauffeur du camion portait ce qui ressemblait à un gilet pare-balles ; il est chrétien pratiquant ; etc. Cependant, la police n’a fourni aucune information précise pour justifier sa conclusion. Il n’y a aucun lien connu entre la famille ciblée et l’agresseur.

Le thème de la haine anti-musulmane a été immédiatement repris sans discernement par de nombreux médias, et répété à l’infini. Des allégations de « racisme » ont été lancées par-ci par-là, brouillant ainsi la question en amalgamant deux attributs très différents : une appartenance religieuse et une identité raciale. Et, inévitablement, le terme incohérent « islamophobie » a été fréquemment utilisé — incohérent parce que le problème évident ici, c’est la violence meurtrière contre les êtres humains, et non la critique d’une idéologie religieuse.

Facebook a annoncé presque tout de suite la suppression du compte du tueur, mais n’a donné aucune indication sur son contenu. Selon le quotidien London Free Press, des militants « anti-haine » ont fouillé à fond les médias sociaux à la recherche de toute trace de Veltman depuis que la police a rendu public son nom, mais sans succès.

C’est donc un mystère comment ce massacre peut être utilisé pour justifier le projet de loi C-36, récemment annoncé par le ministre fédéral de la Justice David Lametti. Selon la CBC, Lametti a fait référence à cette attaque meurtrière à London comme exemple de la violence que la haine en ligne pourrait engendrer, et ce, malgré l’absence apparemment totale de preuves en ligne dans cette affaire.

La situation a été aggravée par des politiciens et des journalistes sans scrupules qui ont instrumentalisé cet horrible meurtre à des fins partisanes. Plusieurs ont essayé d’établir un lien entre cette horrible attaque et la Loi sur la laïcité de l’État — la Loi 21 — au Québec, un lien tout à fait fallacieux et au fait diffamatoire. Par exemple, le ministre fédéral des transports Omar Alghabra a accusé la Loi 21 d’alimenter une réaction anti-musulmane. Le maire de Calgary, Naheed Nenshi, a lui aussi essayé de lier l’attaque de London à la Loi 21.

Le premier ministre Justin Trudeau a tenu un double discours. Il a d’abord exprimé son désaccord avec ceux qui accusent la Loi 21 de fomenter la haine et la discrimination. Mais quelques minutes plus tard, il a ajouté que les Québécois devraient reconsidérer la Loi 21 en raison de « la montée de l’intolérance et de l’islamophobie ».

Il est difficile de comprendre comment les adversaires de la Loi 21 pourraient tomber si bas qu’ils tentent d’exploiter l’attentat de London à leurs fins. Oser faire porter le blâme au Québec dans ce contexte, cela exige un mélange d’extrême stupidité et de fanatisme anti-québécois.

Il est difficile de comprendre comment les adversaires de la Loi 21 pourraient tomber si bas qu’ils tentent d’exploiter l’attentat de London à leurs fins. Oser faire porter le blâme au Québec dans ce contexte, cela exige un mélange d’extrême stupidité et de fanatisme anti-québécois. L’attaque ne s’est pas produite au Québec, mais plutôt en Ontario où aucune législation semblable n’existe. D’ailleurs, l’attaque sur la mosquée de Québec s’est produite en janvier 2017, des années avant même que la Loi 21 soit proposée, et encore moins adoptée. De plus, elle a eu lieu plusieurs années après la défaite décisive en 2014 d’une législation semblable — la Charte de la laïcité — proposée par un gouvernement précédent. Cette attaque sur la mosquée a eu lieu pendant le mandat du Parti libéral du Québec, farouchement antilaïque, un parti dont l’orientation s’accorde étroitement avec celle du gouvernement fédéral actuel.

Finalement, écoutons le juge Michel Yergeau de la Cour supérieure du Québec qui, en juillet 2019, a rendu une décision rejettant une demande de suspension de certaines parties de la Loi 21. À l’allégation de la plaignante que cette Loi fomenterait l’intolérance religieuse, le juge a répondu que, au contraire, les gestes d’intolérance « sont le fait de déplorables dérives et d’une incivilité que la Loi cherche aussi à endiguer. »

[…] la loi québécoise contribue à réduire les tensions sociales en insistant pour que toutes les religions se conforment à une législation laïque qui s’applique à toutes, sans privilège pour aucune.

L’observation faite par le juge Yergeau est précisément ce que les opposants de la Loi 21 ne comprennent pas — ou refusent de comprendre. En limitant le port de signes religieux par les employés de l’État, la loi québécoise contribue à réduire les tensions sociales en insistant pour que toutes les religions se conforment à une législation laïque qui s’applique à toutes, sans privilège pour aucune. Mais les adversaires de la Loi 21 font exactement le contraire. Ils accordent un traitement de faveur aux plus pieux et aux plus intégristes des Musulmans en célébrant le voile comme s’il s’agissait d’un symbole de liberté, tandis qu’en réalité, ce voile est un étendard publicitaire pour l’asservissement des femmes. Les opposants de la Loi 21 vilipendent et diffament les laïques avec des accusations spécieuses d’« islamophobie » et de « racisme », allant jusqu’à formaliser cette diffamation dans la motion parlementaire M-103. Par ailleurs, ceux et celles qui critiquent leurs politiques sont menacés de censure dans les médias sociaux, ou pire. Toutes ces mesures ne peuvent qu’accroître les tensions sociales en attisant le ressentiment contre une minorité religieuse perçue comme choyée et privilégiée. En réalité, ce ne sont que les musulmans les plus fondamentalistes et ceux qui font le jeu de l’islam politique, qui bénéficient de l’obsession anglo-canadienne pour l’islam car les Musulmans laïques qui soutiennent la loi 21, ainsi que les ex-Musulmans, sont systématiquement ignorés.

Au fait, toutes les religions, qu’elles soient minoritaires ou majoritaires, jouissent de privilèges substantiels au Canada. En particulier, l’exception religieuse 319(3)b) sous la rubrique Propagande haineuse dans le Code criminel accorde l’impunité à « une opinion sur un sujet religieux ou une opinion fondée sur un texte religieux ». Ainsi, les croyants peuvent faire des déclarations haineuses contre divers groupes tels que les athées, les femmes, les gais, etc., des déclarations pour lesquelles les non-croyants risqueraient des poursuites. Si le gouvernement fédéral voulait sincèrement freiner les propos haineux, il abrogerait cette exception 319(3)b), ce que le gouvernement Trudeau a déjà refusé de faire lorsque nous, LPA, avons soumis notre pétition à cet effet en 2018.

[…] ce sont les opposants de la Loi 21 […] qui exacerbent l’animosité envers une minorité religieuse en accordant à une religion particulière un traitement privilégié.

Si en Ontario il y avait une loi semblable à la Loi 21, la récent attaque à London ne se serait peut-être pas produite. De même, si la Charte de la laïcité avait été adoptée au Québec en 2014, peut-être que l’attaque contre la mosquée de Québec n’aurait jamais eu lieu. Nous ne saurons jamais. Mais affirmer que cette législation laïque serait la cause d’une violence aussi horrible n’est pas seulement injustifié et irresponsable — c’est carrément hypocrite, car ce sont les opposants de la Loi 21 et des lois semblables qui exacerbent l’animosité envers une minorité religieuse en accordant à une religion particulière un traitement privilégié.


4 commentaires sur “Blogue 124 : L’obsession malsaine anglo-canadienne pour l’islam empire
  1. Réal Boivin dit :

    Ce texte aurait du être écrit par les journalistes si ceux-ci n’étaient pas totalement asservis par la bien-pensance imposée par le fédéral en échange des subventions qui leur évitent la fermeture de leur médias que de moins en moins de monde lit et écoute.

    Très bon texte.

  2. Bien d’accord avec ce texte moi aussi!

  3. F.k dit :

    Tout à fait d’accord avec ce texte qui explique parfaitement la propagande canadienne et des organisations subventionnées par des groupes radicaux
    Qui ont émigré dans ce beau pays pour
    Forcer la loi islamique et religieuses dans notre système qui repose sur la la charte des droits et libertés très ouverte aux abus
    Il faut revoir cette lois qui nous divise .

  4. Jacques Légaré dit :

    Excellent texte. Bravo !

    Je rédige en ce moment une analyse de philosophie juridique (jus naturalis) sur le jugement Blanchard. Déjà près de 150 pages composées, car chaque paragraphe du jugement y passe.

    Il y a une mine d’or pour démontrer l’inculture paralysante des juges, notamment celle des jugements de la Cour suprême dont le juge Blanchard fait son mentor.

    Une incurie où les laïcistes et les humanistes trouveront des arguments très forts pour dégonfler le multiculturalisme et l’anti-laïcisme.

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