Athées du Québec :
Faites-vous compter ! Sortez du placard !

Jacques Savard

Pourquoi un Recensement athée ^[1] ?

Notre recensement ayant d’abord été lancé au Québec, il s’étend désormais à tout le Canada.

Je suis athée. Je ne crois ni aux fantômes, ni aux esprits. J’ai encore moins foi dans l’existence des purs esprits qui gouverneraient l’univers et notre vie. Ceux qui, paraît-il, nous parlent par la bouche de prêtres, de ministres, de rabbins ou d’imams. Ceux qui nous auraient révélé leur existence et leurs volontés dans des livres prétendument sacrés écrits par d’anciens prêtres et prophètes manipulateurs politiques.

Le mot athée est toujours tabou au Québec. Plusieurs hésitent à s’affirmer athée ou incroyant et pensent être seuls, isolés. La réalité est tout autre. Selon le recensement de 2001, les sans religion (athées, humanistes, agnostiques) étaient plus nombreux que les groupes religieux tels que les protestants, les juifs ou les musulmans. Seule la religion catholique domine avec un pourcentage faussé par la question posée. La moyenne canadienne des incroyants était alors de 16% de la population. Plusieurs provinces montraient même des pourcentages allant de 16 à 36 pourcent. Les incroyants étaient donc déjà plus nombreux que l’on croit généralement. Une mise à jour de ces statistiques est prévue au printemps 2013.

Au Québec et au Canada, depuis plus d’une trentaine d’années, plusieurs politiciens, artistes, femmes et hommes publics ont osé affirmer, en privé et en public, une orientation sexuelle différente de celle de la majorité. Aujourd’hui, tous savent que les gais et lesbiennes existent et sont une minorité dont il faut tenir compte. Sortir du placard leur a enfin donné les moyens d’intervenir lorsque des abus, encore trop nombreux, surviennent. Ils sont aussi devenus des interlocuteurs incontournables dans les débats sociaux.

Ce qui n’est toujours pas le cas pour les incroyants. Quand invite-t-on des représentants des incroyants aux commissions parlementaires, aux comités d’éthique ou aux multiples conseils mis en place ? Apparemment, seuls les croyants et philosophes idéalistes ont droit de parole, jamais des athées ou des philosophes matérialistes.

Les athées hésitent malheureusement trop souvent à laisser connaître leur incroyance à leurs parents et amis. Encore moins en public. Révélons nos convictions quand l’occasion se présente. Je ne parle pas ici de prosélytisme, mais de la simple affirmation d’un état de fait lorsqu’une occasion se présente. Le seul prosélytisme que nous prônons, c’est la conversion d’athées cachés en athées qui s’assument ! Vous seriez surpris de découvrir le nombre de vos amis qui partagent vos opinions. Chaque sortie du placard va aider d’autres personnes à affirmer leur réalité.

Les incroyants ne sont pas une minorité négligeable, mais ils sont par contre une minorité ignorée. Parlons à nos amis de notre incroyance et lançons le mouvement pour nous faire reconnaître comme interlocuteurs dans les débats sociaux comme celui sur le cours d’Éthique et de culture religieuse, de la prière dans les conseils municipaux, de la présence du crucifix à l’Assemblée nationale, ou celui, à venir, d’une éventuelle charte de la laïcité.

Un tout petit premier pas à votre disposition est de visiter le site de Libres penseurs athées www.atheologie.ca ^[2]. Nous vous proposerons plusieurs moyens d’agir et de manifester votre incroyance. Faites-vous compter dans notre Recensement athée Québec recensement.atheisme.ca ^[1] ; c’est tout-à-fait anonyme. Et si vous êtes prêts à sortir du placard, vous pouvez aller plus loin en signant notre Manifeste athée www.atheologie.ca/signer/ ^[3].

Jacques Savard
Libre penseur athée
Gatineau