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L’« islamophobie » est un blasphème

Publié Par jean.meslier Sur 2021-03-20 @ 12h00 Dans | 11 commentaires

Par Libres penseurs athées

Position adoptée le 2021-03-20.

Nous, Libres penseurs athées, appuyons résolument la campagne End Blasphemy Laws [1] dont le but est l’abrogation de toute loi, dans tous les pays du monde, qui criminalise le « blasphème », l’« insulte à la religion » ou l’« offense aux sentiments religieux » ou qui impose des contraintes sur la remise en cause, la critique ou le ridicule des religions ou des concepts religieux.

Toutefois, il manque à cette liste de priorités un élément très important : il faudrait aussi s’opposer à toute répression de la soi-disant « islamophobie ». Toute loi ou résolution qui condamne cette « islamophobie » devrait être abrogée aussi. Car finalement l’« islamophobie » n’est que du blasphème contre une religion particulière.

Précisons que, si on interprète le suffixe « phobie » au sens strict d’une peur irrationnelle, alors l’« islamophobie » n’existe pas, car craindre une religion n’est pas irrationnel. Si, par contre, on interprète ce suffixe au sens large d’une peur tout court, alors l’« islamophobie » n’est que la peur de l’islam et est alors rationnelle, raisonnable et nécessaire, surtout si nous considérons sa variante intégriste couramment appelé « islamisme » ou « islam politique ». Donc, si l’« islamophobie » existe, elle est une vertu. Il faut craindre toutes les religions – ou du moins leurs variantes intégristes, surtout celles ayant des prétentions politiques – dans le sens de rester vigilant à leur égard, car les religions constituent la plus grande menace pour la liberté de conscience.

D’ailleurs, le terme « islamophobie » est souvent mal utilisé afin d’indiquer un préjugé contre les Musulmans. Cet usage est erroné, pour ne pas dire malhonnête, car il crée de la confusion entre une idéologie, l’islam, et un ensemble de personnes, les Musulmans. C’est un principe essentiel des droits humains et de la laïcité que les idéologies ne méritent aucune protection, tandis que les êtres humains, eux, méritent du respect, c’est-à-dire le respect de leurs droits humains.

Les adeptes du terme « islamophobie » en parlent comme une forme de racisme, mais cela est une imposture. L’islam est une religion, une idéologie, un ensemble d’idées et de croyances que l’individu peut adopter ou rejeter, selon sa conscience. Tout amalgame entre religion et race est particulièrement malhonnête, car cela confond des idées changeables avec des attributs innés et immuables, comme si la liberté de conscience n’existait pas, comme si tout croyant restait prisonnier de la religion dans laquelle il est né.

Nous dénonçons en particulier le faux parallèle que font plusieurs entre « islamophobie » et anti-sémitisme. Ce dernier est bel et bien une forme de racisme, car il s’agit d’un préjugé contre les Juifs en tant qu’ethnie, pas en tant que croyants. Il ne faut pas non plus assimiler à l’anti-sémitisme, comme le font certains, la critique des politiques d’Israël, qui vise un État et non un peuple.

En outre, et c’est un secret de polichinelle, les accusations d’« islamophobie » constituent une des principales stratégies des islamistes – le port du voile en étant une autre – qui cherchent à étouffer toute critique de l’islam afin de gagner du terrain et d’imposer une version radicale de cette religion partout où il le peuvent.

Nous sommes situés au Québec, une province du Canada, un pays qui présente un exemple flagrant de l’importance de cette question. En décembre 2018, le parlement canadien a abrogé le vieux paragraphe 296 du Code criminel qui interdisait le blasphème (sans le définir). Excellent ! Toutefois, ce même parlement avait adopté, en mars 2017, une résolution, la motion M-103, condamnant la soi-disant « islamophobie » et faisant le faux amalgame entre race et religion. Bien que cette résolution n’ait pas force le loi, elle représente une menace très sérieuse pour la liberté d’expression et de conscience des citoyens et des citoyennes, aussi grave qu’une loi anti-blasphème. Sans être une loi criminelle, elle crée un précédent dangereux qui risque d’ouvrir le chemin à une telle loi, elle facilite la censure sociale et elle crée de la confusion entre race et religion afin que l’argent des contribuables destiné aux efforts anti-racistes puisse être détourné [2] pour appuyer le privilège religieux.

Encore plus grave, plusieurs groupes se disant laïques, athées, humanistes ou de libre pensée se sont fait duper et, par conformisme ou par insouciance, font écho de la propagande islamiste, stigmatisant à leur tour ceux qui osent dénoncer cette imposture.

Dans un sens, cette imposture de l’« islamophobie » est encore plus grave que le délit de blasphème, car elle vise une religion, c’est-à-dire que cela représente un statut privilégié accordé à une religion particulière, l’islam.

Pour toutes ces raisons, nous sommes d’avis que la campagne End Blasphemy Laws [1] doit prendre position formellement contre l’usage du terme « islamophobie » en tant qu’accusation. Cette campagne doit déclarer explicitement que l’islamophobie n’est pas un délit, tout comme le blasphème n’est pas un délit, que ce ne sont que deux visages du même phénomène : des stratégies des obscurantismes religieux pour étouffer toute critique et toute remise en cause de ces religions. La campagne End Blasphemy Laws [1] doit s’opposer à toute mesure, toute loi, toute résolution qui vise la répression de la critique des religions, que cela se nomme « blasphème » ou « islamophobie ».

À la place du terme « islamophobie », nous suggérons l’emploi du terme « préjugé anti-Musulman » pour bien identifier une attaque contre la personne et non contre sa croyance. Il nous semble tout à fait raisonnable de prendre position contre l’islam qui, s’il est interprété au sens propre et dans sa totalité, correspond à une idéologie totalitaire d’extrême droite incompatible avec nos démocraties modernes. Dans ce cas, le terme « islamofascisme » décrit très bien cette interprétation rigoriste de l’islam.

Notons finalement qu’il est raisonnable de penser qu’en employant le terme « islamophobie », accordant ainsi un privilège indu à l’islam, on alimente le préjugé anti-Musulman, que l’on devrait plutôt éviter. De plus, on accentue ainsi le caractère délétère de l’islam envers les non Musulmans que certains Musulmans entretiennent. On souffle sur les braises de l’intolérance. À l’opposé, la laïcité, la véritable laïcité et non une certaine version dite ouverte, permet d’atténuer ces tensions et de favoriser l’inclusion et le vivre ensemble recherchés.


[3] [4]

Publication imprimé sur Libres penseurs athées: https://www.atheologie.ca

URL de l’article: https://www.atheologie.ca/manifeste/islamophobie-blaspheme/

URL de cette publication.

[1] End Blasphemy Laws: https://end-blasphemy-laws.org/

[2] argent des contribuables destiné aux efforts anti-racistes puisse être détourné: https://www.atheologie.ca/blogue-097/

[3] : https://www.facebook.com/sharer/sharer.php?u=https%3A%2F%2Fwww.atheologie.ca%2Fmanifeste%2Fislamophobie-blaspheme%2F

[4] : http://twitter.com/intent/tweet?text=L%E2%80%99%C2%AB%C2%A0islamophobie%C2%A0%C2%BB%20est%20un%20blasph%C3%A8me&url=https%3A%2F%2Fwww.atheologie.ca%2Fmanifeste%2Fislamophobie-blaspheme%2F

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