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Un match parfait : fondamentalisme islamique et néo-libéralisme

Publié Par jean.meslier Sur 2018-11-02 @ 21h46 Dans | Pas de commentaire

Suzanne Bousquet

2018-11-06

Quand il s’agit d’argent, tout le monde est de la même religion.
– Voltaire

L’islamisme et le capitalisme sont des idéologies étant l’une et l’autre à la conquête du monde. Le domaine de la consommation est un excellent baromètre pour mesurer les dérives politico-juridiques de nos États à l’heure de la mondialisation.

L’ère Reagan-Thatcher ouvrit les vannes à une économie de marché hyper-mondialisée fonctionnant en dehors du jeu démocratique. Un système qui, au-delà des ancrages territoriaux et juridiques, viserait à imposer et à harmoniser les normes techniques des produits commercialisés. Et à permettre la libre circulation des capitaux.

Le panier d’épicerie ne serait pas en reste. Né à New York au début du XXe siècle, le concept marketing d’une norme industrielle et commerciale « cachère » inspira des décennies plus tard des gens d’affaires à inventer une norme « halal », dite « conforme avec la loi islamique (charia) ». Un marché inventé pour conforter le « pieux musulman » à l’effet qu’il est possible de vivre totalement sa foi en accord avec les préceptes islamiques, et ce, autant en pays musulman qu’en pays non-musulman. Marché très lucratif qui, par ailleurs, n’est pas contrôlé que par des gens issus de culture musulmane, l’implication de personnes de la communauté juive ou de celles n’appartenant à aucune confession particulière (si ce n’est qu’au « culte de l’argent ») le démontrant amplement.

Un vecteur de rêve…

Les facteurs combinés de nos échanges commerciaux accrus avec les monarchies du pétrole, l’avènement de la République islamique d’Iran (sous Khomeiny) et la révolution néolibérale ont enclenché tout un engrenage, en réalité, un véritable monstre pour nos démocraties. « Monstre » d’autant plus redoutable qu’il s’affiche sous des airs bon enfant tout en se trouvant en quelque sorte à « banaliser » une loi barbare instrumentalisée à des fins mercantiles. Et il investit maints secteurs : alimentation, cosmétiques, pharmaceutique, produits financier, voyages, divertissement etc.

Que ce soit la mannequin voilée de L’Oréal, l’athlète en burkini de Nike, la « mode modeste » ponctuant les catwalks de Dolce & Gabbana à Versace, des multinationales présentent dans leur publicité le « shariah way of life » comme étant le « nouveau cool », la quintessence du respect de la diversité. Alors qu’il s’agit d’un modèle d’existence en obédience à la charia fantasmé, sans égard aux inégalités, souffrances et combats de ses nombreuses victimes, qui elles, sont bien réelles un peu partout sur le globe. Le principe d’égalité hommes/femmes, de respect des personnes homosexuelles et de liberté d’expression peuvent bien aller se rhabiller. De ces idéaux arrachés au terme de siècles de luttes d’émancipation, l’industrie n’en a cure alors que nos autorités politiques se campent dans une complaisance tantôt passive, tantôt active, l’important étant que l’argent garnisse les coffres des affairistes qui les soutiennent.

Des valeurs régressives mondialisées

Aux valeurs jusque-là occidentalisées ou américanisées véhiculées par le système capitaliste en général, s’élève un autre ensemble de valeurs aux antipodes de ces dernières sur plusieurs plans. Car ne nous méprenons pas, sous couvert de libre marché, c’est un ensemble d’affreuses valeurs obscurantistes qui se trouvent à être globalisées. L’islam, plus vieille idéologie totalitaire de la planète, assied chaque jour un peu plus ses velléités hégémoniques en Occident, l’idée étant de « le soumettre toujours plus », quels qu’en soient les moyens.

Le marché de la consommation est à l’épicentre de ce djihad économique. Aux côtés des sceaux de certification cachère, figurent de plus en plus de sceaux halal qui, si la tendance se maintient, finiront par égaler les premiers en termes de pourcentage vertigineux de produits à normes théocratiques. Avec, bien sûr, l’impact accru que l’on devine sur le portefeuille de l’ensemble des consommateurs (puisque les coûts de certification leur sont refilés).

Lutte à l’extrémisme et à la radicalisation : sur papier!

Enclin à satisfaire les plus intégristes des intégristes, le marché et son clientélisme exacerbé (à l’image de celui des politiciens) carbure à la crédulité. La logique du « toujours plus » du système capitaliste sous-tend que prospèrent ici et ailleurs de plus en plus d’extrémistes religieux, avec les conséquences que l’on devine. Chaque concession qui leur est accordée accroît leur poids politique.

Ce sont les lobbies et le monde économique qui façonnent les politiques et non l’inverse. Clairs et sans équivoque, les signaux et les indices envoyés par l’industrie globalisée devraient pourtant alarmer quiconque est au fait du programme de conquête à long terme intrinsèque de l’islam. La civilisation occidentale du « here and now » n’appréhende pas assez cette visée s’accomplissant à travers un patient (et continuel) cumul de gains dans le plus de domaines possible. Les marqueurs visuels, que ce soit au plan vestimentaire, alimentaire, architectural ou autre, concourent à occuper l’espace.

Soumission

Les accords de libre-échange s’accompagnent de standardisations normatives et, dans le cas de l’industrie des viandes, à la conversion entière de chaînes de production aux procédés halal. Les pressions sur nos propriétaires d’entreprises agroalimentaires s’accentuent sans cesse. Les politiciens et les entrepreneurs mesurent-ils assez les risques inhérents à l’instauration d’un contrôle exercé par des agences certificatrices à qui un pouvoir incommensurable est de ce fait possiblement accordé? Il est important de comprendre la caractéristique « domino » de la plupart des contrats de certification. Tous les fournisseurs desdites entreprises doivent être, soit certifiés cachères ou halal – ou les deux. La réputation d’un produit une d’une entreprise pouvant s’avérer étonnamment fragile, le pouvoir conféré au certificateur est majeur. À lui seul et selon son bon vouloir, ce dernier peut à lui seul mener l’établissement à la faillite. Quelques paroles peuvent faire tourner le vent. En un mot, pouvoir sera donné aux islamistes convaincus « qu’une société basée sur une économie de marché périra par le marché ».

Les personnes qui se demandent pourquoi les demandeurs de tribunaux islamiques en Amérique du Nord ne sont pas revenus à la charge depuis des années ont à présent réponse à leur question.


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