Blogue 147 : Trump rejette le néoracisme et promeut l’hyperpatriotisme

David Rand

Date de parution : 2025-03-02

Immédiatement après son entrée en fonction le 20 janvier 2025, le président américain Donald Trump a émis de nombreux décrets et déclarations, dont plusieurs traitent des questions de racisme et d’antiracisme.

  1. EXECUTIVE ORDER: Ending Radical And Wasteful Government DEI Programs And Preferencing (DÉCRET EXÉCUTIF : Mettre fin aux préférences et aux programmes gouvernementaux EDI, radicaux et inutiles), White House, USA, 2025-01-20.
  2. Ending Illegal Discrimination and Restoring Merit-Based Opportunity (Mettre fin à la discrimination illégale et rétablir les opportunités fondées sur le mérite), White House, USA, 2025-01-21.
  3. FACT SHEET: President Donald J. Trump Protects Civil Rights and Merit-Based Opportunity by Ending Illegal DEI (FICHE D’INFO : Le président Donald J. Trump protège les droits civils et les opportunités fondées sur le mérite en mettant fin aux programmes EDI illégaux), White House, USA, 2025-01-22.
  4. EXECUTIVE ORDER: Ending Radical Indoctrination in K-12 Schooling (DÉCRET EXÉCUTIF : Mettre fin à l’endoctrinement radical dans l’enseignement primaire et secondaire), White House, USA, 2025-01-29.

Les séances EDI (équité, diversité et inclusion) constituent un programme néoraciste qui prétend lutter contre le racisme. Le néoracisme est un ensemble d’idéologies (comme la théorie critique de la race et l’intersectionnalité) qui marient la philosophie postmoderne au militantisme antiraciste américain. Malgré ses prétentions antiracistes, le néoracisme est lui-même raciste. Il est tristement célèbre, surtout pour sa promotion de préjugés contre les personnes d’origine européenne (c’est-à-dire « blanches ») ou asiatique, mais ce n’est que la pointe de l’iceberg. Le problème de fond avec le néoracisme est son anti-universalisme et sa priorisation de l’identité raciale comme attribut le plus important de l’individu, de la même manière que le racisme classique, qui nous place tous dans des catégories raciales du XIXe siècle basées sur la couleur de la peau. De plus, le néoracisme essentialise le racisme lui-même en affirmant que les personnes « blanches » sont essentiellement et inévitablement racistes par nature.

Les néoracistes partent tout simplement de la supposition, qu’ils avancent sans preuve, que toute inégalité entre groupes raciaux doit être le résultat d’une injustice ; aucune autre explication ne peut être envisagée. Ils partent également du principe, toujours sans preuve, que les stratégies antiracistes universalistes, qui mettent l’accent sur l’indifférence à la couleur et s’opposent à la discrimination, sont inefficaces et doivent être remplacées par leur stratégie de discrimination positive obsédée par la couleur de la peau. De plus, les néoracistes accusent quiconque favorise de telles méthodes universalistes d’être lui-même raciste, diabolisant ainsi quiconque s’oppose à leur dogmes et étouffant tout débat sain.

En bref, le néoracisme est une absurdité dogmatique. Les séances EDI empoisonnent les milieux de travail en attisant l’animosité raciale tout en prétendant lutter contre le racisme. Pour bien comprendre combien l’EDI peut être toxique, il suffit de lire l’histoire de Richard Bilkszto.

Le décret émis le 29 janvier au sujet de l’endoctrinement dans les écoles utilise l’expression « idéologie discriminatoire de l’équité » (“Discriminatory equity ideology”) pour nommer ce que j’appelle ici le néoracisme. Ce même décret énumère également huit aspects de cette idéologie, tous des observations valables. Le dernier point est particulièrement révélateur, affirmant que cette idéologie fait la généralisation suivante :

(viii) Les États-Unis sont fondamentalement racistes, sexistes ou autrement discriminatoires.

Les néoracistes condamnent en effet toute personne d’origine européenne, y compris les « blancs » aux États-Unis, comme fondamentalement raciste. Mais la solution proposée par ce décret de Trump retournerait la situation tout simplement à l’envers, en remplaçant le néoracisme par une « éducation patriotique » aseptisée et édulcorée consistant en « un examen clair de la manière dont les États-Unis se sont admirablement rapprochés de leurs nobles principes tout au long de leur histoire » (“a clear examination of how the United States has admirably grown closer to its noble principles throughout its history”).

L’esclavage et la traite des esclaves constituent un chapitre central et honteux de l’histoire des États-Unis, tant avant qu’après l’indépendance. Les aspects les plus ignominieux de cette histoire sont probablement l’échec de la Révolution à mettre fin à l’esclavage et, une fois l’esclavage finalement interdit en 1863, le siècle qui s’est écoulé avant que le pays adopte des mesures sérieuses pour faire face au racisme anti-noir extrême qui sévissait encore. Cependant, les néoracistes vont encore plus loin, affirmant que l’esclavage était en fait un principe fondateur de la république américaine et que la guerre d’indépendance a été menée dans le but de préserver l’esclavage. C’est en effet l’approche adoptée par le Projet 1619 du New York Times.

Pour répondre à tout cela, le décret propose de ressusciter la Commission consultative présidentielle 1776, créée pour la première fois par Trump en novembre 2020 et supprimée par Biden en janvier 2021, dont le but est de promouvoir « l’éducation patriotique » et d’aider à préparer la célébration du 250e anniversaire de l’indépendance américaine le 4e juillet 2026. Le décret de 2020 établissant la Commission 1776 s’oppose également à l’idée d’un programme d’études de base établi par le gouvernement fédéral et affirme que la fondation des États-Unis « envisageait un ordre politique en harmonie avec la conception des ‘lois de la nature et du Dieu de la nature’ ».

Ainsi, Trump remplacerait une interprétation erronée et exagérément négative de l’histoire américaine par une interprétation erronée et exagérément positive (avec une touche de divinité), toutes deux dénuées de nuances. La réalité, bien sûr, est que l’histoire des États-Unis comporte à la fois des atrocités (comme l’esclavage, comme le massacre des autochtones et le vol de leurs terres) et des réalisations nobles (comme la libération de l’Europe occidentale des Nazis en 1944-1945) et toute une gamme d’aspects entre ces deux extrêmes.

Le néoracisme et l’idéologie du genre sont tous les deux des idéologies régressives et nuisibles. Il faut s’y opposer, comme il faut les exclure de l’État. Il est honteux pour les adversaires de Trump que la plupart d’entre eux ne s’y soient pas opposés mais, pis encore, qu’ils aient même activement promu de telles absurdités. Ils ont même diabolisé quiconque osait remettre en question leurs dogmes. S’ils avaient fait ce qu’il fallait avant les élections américaines de novembre 2024, s’ils s’étaient distancés du néoracisme et de l’idéologie du genre, la victoire de Trump aurait très bien pu être évitée. Vont-ils apprendre de leurs erreurs ou continueront-ils à soutenir des idéologies irrationnelles et à la mode qui font paraître Trump comme sain d’esprit en comparaison ?

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