Protéger les droits des trans, oui, mais pas au mépris de la réalité

Jean Thibaudeau
pour le Conseil d’administration de Libres penseurs athées

Date de publication : 2023-10-06


    1. Nous considérons que, dans le présent débat, seul le concept de sexe biologique constitue un critère objectif et objectivable et se trouve à être validé par un très haut niveau de consensus scientifique. Il n’est nullement attribué ou assigné, mais bien constaté objectivement à la naissance. Il se définit comme l’organisation globale du corps, qui habilite celui-ci (ou pas) à mener potentiellement une grossesse. Il inclut (entre autres) des éléments comme la présence de certains chromosomes, la production de spermatozoïdes ou d’ovules, la forme des appareils génitaux externes, la présence ou non de seins développés, la nature des hormones, celle d’un utérus ou non et du phénomène de menstruation, etc. Qu’il existe une anomalie ou une dysfonction de l’un ou l’autre de ces éléments chez un individu ne change rien à son sexe biologique.
    2. Comme corollaire, et en toute logique, donc, il est strictement impossible de changer de sexe biologique, peu importe le traficotage médical qui est pratiqué sur le corps (hormones, chirurgies, etc.). Ce dernier peut uniquement changer les apparences.
    3. Tout autre élément de définition de « masculinité » et de « féminité » associé aux sexes biologiques entre dans la catégorie du genre, i.e. les représentations mentales que tous les individus humains (pas uniquement les trans !) se créent à ce sujet, plus ou moins arbitrairement, à partir de leur vécu émotif, de leur expériences de vie ou des standards qui sont véhiculés socialement (particulièrement par la publicité et les religions) et qui sont, hélas, parfois imposés par la force dans trop d’endroits.
  1. Nous sommes profondément attachés à la liberté de pensée et de conscience qui constitue la base fondamentale de nos Chartes de droits. Toute personne doit pouvoir être libre de ses idées, fantasmes, rêves, préférences, goûts, idéologies, croyances… bref de tout ce qui se passe strictement entre ses deux oreilles. Aucune exception à cette règle ne nous paraît acceptable quelles que soient les circonstances.
  2. Cette liberté, cependant, ne peut pas s’appliquer telle quelle aussitôt que des actes concrets en découlent. Nous considérons plutôt que toute société humaine qui aspire à vivre dans une certaine harmonie doit fonder ses règles sur la réalité objectivable, qui est généralement définie par la communauté scientifique lorsqu’elle fait l’objet de larges consensus en son sein, et non sur l’accumulation côte à côte des fantasmes de chaque individu ou de chaque groupe. Nous prônons même également que tout citoyen devrait, de son côté, dans ses échanges avec d’autres citoyens, s’engager le plus possible à respecter ce qu’on appelle les faits (surtout quand ceux-ci lui déplaisent !).

COMPTE TENU DE CE QUI PRÉCÈDE :

Nous reconnaissons que les trans, queer, non-binaires et tenants d’autres identités de genre ont le droit de percevoir la Réalité comme ils l’entendent, mais ne peuvent légitimement réclamer que la société, dans son ensemble, partage toute leur vision, particulièrement quand elle s’éloigne dangereusement des faits décrits au point 1. Il n’existe aucune justification à accuser quiconque automatiquement de « phobie » dans ce cas.

Nous considérons, par ailleurs, qu’ils sont parfaitement justifiés de « vivre leur identité » telle qu’ils l’entendent, d’autant que les critères qui pourraient être opposés à l’encontre de leurs particularismes reposent uniquement, eux aussi, sur de la subjectivité. Cela touche aussi bien leur apparence extérieure que leur façon de s’exprimer et leur conformité (ou non) aux attentes de leur entourage (sauf quand celles-ci s’appliquent à tous indistinctement, quels que soient le sexe biologique ou le genre).

Nous condamnons sans réserve toute forme de discrimination, pression, intimidation ou violence dirigées vers eux. Ici aussi, aucune exception ne nous paraît acceptable quelles que soient les circonstances.

Il découle des principes qui précèdent un grand nombre de conséquences sur les règles qui devraient être appliquées se rapportant à une multitude quasi infinie de dimensions : âge légal de consentement et rôle des parents, salles de toilette, vestiaires, prisons, contenu de ce qui devrait être enseigné à l’école à différents âges, normes à établir quant aux attitudes à développer envers ces enfants de la part du personnel des institutions scolaires, contenu des documents officiels de l’État civil, etc. Il y en a trop pour que nous prenions des positions fermes dès maintenant dans tous ces domaines, d’autant qu’ils comportent des enjeux souvent fort complexes et que certaines expertises doivent d’abord se faire entendre sur plusieurs de ces points.

Mais nous réclamons que le gouvernement s’engage à ouvrir largement le débat publique sur toutes ces questions. L’éventuel rapport du comité de « sages » qu’il a formé devra faire l’objet d’une commission parlementaire ou d’un autre mécanisme similaire ouvert à tous avant d’être appliqué. L’expérience récente des comités transpartisans de députés pourrait servir aussi d’inspiration.

Enfin, chose claire, quant à nous : aucune des décisions prises antérieurement sur tous ces sujets ne doit être traitée comme des acquis excluant toute discussion. De plus, l’association Libres penseurs athées réfute avec vigueur et indignation toute tentative d’associer les affirmations ci-dessus à une quelconque idéologie « anti-trans » ou d’extrême-droite.


6 commentaires sur “Protéger les droits des trans, oui, mais pas au mépris de la réalité
  1. Auclair dit :

    Donc, si je comprends bien, vous voulez qu’une femme trans utilise les cabines, parfois dégueulasses, des toilettes des homme, au risque, dans certains lieux, de se faire agresser. Et vous voulez que les hommes trans aillent traumatiser les femme dans leurs toilettes?

    • David Rand dit :

      Le texte ne dit pas cela.

    • Jean Thibaudeau dit :

      Il est bien écrit qu’il est trop tôt, dans la discussion publique, pour nous prononcer sur ce genre de détails.

    • Kneehill dit :

      Il y a partout des toilettes pour tous, communes, sans sexe, et personne ne crie à la discrimination. S’il fallait accommoder tout le monde et son père, il faudrait une panoplie de toilettes: Homme pur, Homme trans, Femme pure, Femme Trans, X version normale, version handicapé, X toilettes à l’oriental et à l’occidental. Cela fait jusqu’à maintenant seize sortes de bécosses. Sans oublier au camping la version naturiste. La bêtise est sans limites.

  2. Knee Hill dit :

    J’adhère aux idées de ce texte et voici comment je les résume.

    La seule et unique définition objective du “sexe” est la présence des chromosomes XX ou XY des cellules somatiques ce qui constitue le génotype de la personne. Le phénotype ou la structure globale du corps de la personne est déterminée par l’ensemble des 23 paires de chromosomes. Seul le phénotype peut être altéré par des manipulations externes. En conséquence le “sexe” d’une personne est soit “Femme” si ses cellules corporelles contiennent la paire de chromosomes “XX” soit “Homme” si elles contiennent la paire de chromosomes “XY”. Le génotype détermine le caractère “Féminin” ou “Masculin”. Le “genre” se caractérise par l’adoption de comportements sociaux qui sont généralement associés à l’un de ces deux phénotypes, “Masculin” ou “Féminin”. Nul ne peut changer de sexe mais peut altérer partiellement son génotype ou librement adopter selon ses humeurs des genres ou combinaisons de genres. Aucune loi ne peut faire fi de cette réalité.

    La loi dite des “Droits de l’homme et du citoyen” protège cette réalité particulièrement en empêchant toute discrimination qui puisse se fonder sur des paramètres objectifs caractérisant tout groupe particulier de personnes. Par conséquent il n’est pas nécessaire de promulguer de nouvelles loi ou chartes qui protégeraient par exemple certains sous-groupes. (Ex. les catégories de genre L, G, B, T, Q, +).

    Quant aux règles d’application elles peuvent être multiples mais doivent se fonder sur le bonheur et la qualité de vie des citoyens et non sur ceux des individus. Il va de soi que dans une société les citoyens forment des groupes de personnes lesquelles bénéficient de ces règles. Il appartient au législateur de les concevoir en fonction de la masse relative des groupes concernés par rapport à l’ensemble de la population, compte tenu des ses capacités à les mettre en application. Il n’y a aucune discrimination à l’égard de quiconque lorsque de telles règles ne sont pas adoptées.

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