Citations
Georges LAS VERGNAS
Georges Las Vergnas fut prêtre catholique français. Il a perdu la foi, est devenu libre penseur et a soutenu la thèse que Jésus n’a pas existé. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont Pourquoi j’ai quitté l’Église romaine (1956) et Jésus-Christ a-t-il existé ? (1958). Voici quelques citations. (Nous remercions Julien qui nous les a transmises.)
Citations de Pourquoi j’ai quitté l’Église romaine
- « Quel pauvre dieu ! Il ignore tout de la structure du monde, croyant, par exemple, que la terre fut créée avant le soleil alors qu’elle en vient. Copernic et Galilée auront du mal à l’instruire. »
- « Rien n’est plus ridicule qu’un homme à genoux : il se prie lui-même. Et en adorant un être incompréhensible, il adore sa propre incompréhension. »
- « L’enfer a toujours eu mauvaise presse. Tous ont remarqué la disproportion entre la faute et le supplice, ou la cruauté inutile d’un châtiment qui n’améliore pas le coupable. Mais on va rarement plus loin : il tarde d’en sortir. Ajoutons que l’enfer apprend à ne point pardonner. Dieu, qui prêche l’oubli des fautes, n’en donne pas l’exemple et nous demande d’être meilleurs que lui. »
- « Le rôle de toute religion est de justifier l’ordre établi. Résultante d’une société, elle en devient l’arme idéologique. Le but des dogmes est justement de créer un état d’esprit qui rende supportable un état de fait. Si l’ordre social est irrationnel, les dogmes le seront aussi, car on ne peut légitimer l’absurdité que par l’absurde ; et les dogmes qui justifieront l’injustice seront forcément injustes. »
- « La morale catholique me frappa d’abord par son impuissance dans le bien ; 250 papes, des milliers de prêtres, soixante générations chrétiennes n’ont pas rendu l’homme meilleur. »
- « J’appelle Bien, en effet, ce qui sert le bonheur général ; Mal ce qui nuit. Ils varient suivant les époques. Il est stupide d’obéir, en France et en 1956, au dieu d’une tribu palestinienne dépassé depuis 20 siècles par les événements. »
- « Je sais bien que les fondements de la morale laïque sont discutés ; mais ceux de la religion le sont encore bien davantage. Dieu est ici, comme partout, la solution paresseuse ; et puisqu’on l’a chassé de l’astronomie, de la physique, des sciences naturelles et de la psychologie, il faut le chasser maintenant de la morale. »
- « C’est l’Eglise qui apprit l’intolérance au monde. L’antiquité ne mit à mort qu’un seul homme pour ses opinions : Socrate. Encore le peuple en fut-il honteux : il condamna par la suite les accusateurs et rendit à Socrate les honneurs posthumes. »
- « Il a fallu le christianisme pour faire des esclaves par persuasion, fiers d’êtres ignobles et joyeux d’être battus. La servitude leur parut une grâce. »
- « Qui comprend tout peut tout excuser. Il faut habiter les bas-fonds du crétinisme pour imaginer un Dieu vengeur. »
Citations de Jésus-Christ a-t-il existé ?
- « On me dit parfois sous une autre forme : en attaquant Jésus, vous le prouvez, car on ne combat que ce qui existe. C’est une erreur : il suffit qu’on puisse se représenter un être, même chimérique, pour l’estimer digne d’amour ou de haine. Certains fanatiques de l’enfant Jésus brûlent le mannequin du Père Noël sur le parvis des cathédrales : croient-ils en lui ? »
- « Certaines [épîtres] sont des compilations. Goguel, par exemple, distingue cinq ou six lettres mal cousues dans les deux Epîtres aux Corinthiens. Renan relève dans l’Epître aux Romains quatre ou cinq finales, ce qui suppose autant de rallonges. Il n’y a pas davantage d’unité de pensée ; ainsi, l’homme est prédestiné, mais Dieu le récompense selon ses oeuvres ; les femmes doivent se taire dans les assemblées, mais elles se couvriront la tête pour y parler ; la circoncision est inutile, mais on l’inflige à Timothée. Le style n’est pas plus homogène : ici le trait incisif de l’homme d’action, là le métafouillis du théologien qui se prend les pieds dans les oreilles : je vous recommande le parallèle entre les deux lois (Romains VII). La multiplicité des auteurs est si évidente que les chrétiens accordent que Paul usait parfois de secrétaires. »
- « En définitive un canonique est un apocryphe qui a réussi. Pour y voir autre chose il faut s’en remettre à l’Eglise comme toujours juge et partie. Pour moi tous les évangiles se valent. »
- « En résumé, un texte araméen non identifié puis vite disparu fut adapté en grec et retouché par un anonyme. L’Eglise vénère le tout sous le nom de Matthieu. »
- « Luc confesse n’avoir point vu ce qu’il raconte mais il a consulté, dit-il, les relations de ceux qui ont vu (Luc I-2). Il faut donc croire sur parole un inconnu qui en répète d’autres. »
- « La persécution religieuse, telle qu’on l’entend d’ordinaire, ne peut exister en milieu païen : elle exige le monothéisme, un dogme rigide et un sacerdoce autoritaire. »
- « Les contradictions évangéliques apparaissent dès la première page, Matthieu (I-1 sv) donne une généalogie du Christ et Luc (III-23 sv) une autre : ils ne s’entendent ni sur le nom des ascendants ni sur leur nombre. Il y a un décalage de seize générations entre David et Jésus, soit un écart de quatre siècles sur dix. ” L’existence de deux généalogies divergentes, dit très justement Loisy, montre que la tradition n’en a possédé d’abord aucune. ” Notons que Celse en connaissait une troisième et que le Diatesseron de Tatien les ignorait toutes. »
- « Quand vous y serez, lisez aussi l’Ancien Testament : vous y constaterez que la vie du Christ y fut contée avant d’être vécue. Passe encore pour les événements de premier ordre qui pouvaient tenter un prophète, mais tout y est prévu dans le détail, jusqu’à l’offrande des mages (Isaïe LX-6). Malachie annonce même l’Annonciateur (III-1). »
- « Certains croient que l’évangile tend au communisme et au nivellement : c’est une erreur. L’égalité devant Dieu ne supprime pas plus les classes sociales que l’égalité devant la mort ne supprime les classes d’enterrement. Jésus ne prêche pas l’émeute mais la résignation. Il demande aux riches de donner, non aux gueux de prendre. L’homme du Grand Soir ? Non : de l’éternel Matin. »
- « Méfiez-vous des postulats qui ne sont souvent qu’une habitude de pensée : on n’est que trop enclin à croire évident ce qui n’est que familier. Or, tout le monde entend parler du Christ dès le berceau ; ses fêtes fondent nos chronologies et rythment nos existences. Son image ravivée sans cesse s’incruste en l’esprit et fait preuve, survivant même à l’objection qui n’existe qu’autant qu’on y pense. Tous les croyants savent que le Ciel théologique n’est plus un lieu, mais en disant Notre Père ils lèvent un oeil énamouré vers le grand vide. L’image a créé le réflexe qui, à son tour, renforce l’image qui, en définitive, fonde seule la foi. Beaucoup croient au néant puisqu’ils l’imaginent. »
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