Les athées ne doivent pas se taire

Ce texte, paru dans le Huffington Post Québec, est une réponse à « Lettre à mon ami, athée militant » de Ianik Marcil, 2016-07-29, Ricochet Média.

David Rand

2016-08-08

Monsieur Marcil,

De vos propos au sujet de votre ami athée « militant », une certitude se dégage : vous n’aimez pas que les athées s’expriment. Vous préférez que nous, les athées, nous fermions tous et toutes la gueule, que nous arrêtions de critiquer les religions.

Vous écrivez que « La première responsabilité d’une personne qui a la foi, c’est de respecter la foi ou l’athéisme de ses semblables. » Or, pourquoi serait-on obligé de respecter la foi, cette fausse connaissance qui se fonde sur rien ? Quant au respect pour l’athéisme d’autrui, je veux bien, mais il me semble que vous respectiez très mal l’athéisme de votre ami si vous exigez qu’il se taise en tout temps. Vous semblez assimiler les athées aux gens de « foi » dans la première moitié de cette phrase, mais vous nous en distinguez dans la deuxième. Je vous rappelle : l’athéisme n’est pas une question de foi, car ce n’est que le rejet de la foi théiste infondée.

Vous prônez apparemment « une vision conséquentialiste » de la morale, c’est-à-dire que, selon vous, ce sont les conséquences de nos actions qui comptent, pas les motivations. Toutefois, vous dites ensuite que les motivations sont pertinentes. Alors, qu’en est-il au juste ? À mon avis, une bonne action pour de mauvaises raisons, c’est sûrement préférable à une mauvaise action, mais moins méritante que la bonne action faite pour de bonnes raisons. Donc, chercher la justice parce que telle serait la soi-disant « volonté de Dieu », c’est une bonne chose, mais la chercher parce que cette justice favoriserait une meilleure qualité de vie pour l’ensemble de l’humanité — indépendamment de tout ami imaginaire que les croyants peuvent avoir –, c’est bien mieux.

La plus grande erreur dans votre lettre, c’est sans doute votre supposition que les méfaits de la religion se limitent essentiellement aux atrocités perpétrées par quelques radicaux et extrémistes parmi les croyants, comme les djihadistes d’aujourd’hui ou les inquisiteurs chrétiens au Moyen Âge. Comme si les religions étaient normalement anodines, voire gentilles et positives, et ce ne seraient que quelques abus qui feraient exception à cette règle générale.

Monsieur Marcil, vous vous trompez complètement. Les religions en général, et surtout les monothéismes tels le christianisme et l’islam, sont corrompues à la base. Vous avez soulevé la question de la morale. Or, le christianisme et l’islam sont des supercheries, des arnaques, dont le domaine d’application est la morale. c’est-à-dire que ce sont des pseudosciences de la morale. Les chefs religieux prétendent posséder une expertise particulière — voire exclusive ! — en matière de morale et cette prétention se fonde sur leur prétention de connaître la volonté d’un être surnaturel nommé « Jéhovah » ou « Allah » pour lequel aucune preuve d’existence n’est disponible. Même si un tel être existait, nous n’avons aucun moyen ni de connaître sa volonté ni même de savoir si cet être possède une « volonté ».

L’expertise des autorités religieuses est totalement infondée, complètement factice. C’est comme un individu qui se prétend médecin sans avoir fait aucunes études en médecine. C’est de la pure incompétence. Il s’ensuit que ces monothéismes sont des perversions de la morale. Si les êtres humains ont besoin d’une morale pour vivre en société les uns avec les autres, il faut que cette morale se fonde sur des critères réels, sur le monde réel et matériel dans lequel nous vivons. Il ne suffit pas de dire que tuer ou voler, c’est méchant puisque cela déplaît au petit Jésus ou à un prophète quelconque. La morale doit avoir des assises plus solides que cela.

Même les croyants reconnaissent implicitement que leurs croyances sont ridicules et indéfendables. Sinon, pourquoi sont-ils si frileux face à la remise en cause de leurs dogmes ? Pourquoi exigent-ils — pourquoi exigez-vous — que les athées maintiennent un silence quasi-absolu ? Poser la question, c’est y répondre.

Le problème, ce n’est pas que les athées s’expriment trop ou manquent de respect pour les religions. Au contraire, les athées en général ne s’expriment pas assez et se taisent trop devant la foutaise religieuse — ce vide, cette absence de connaissance. Nous, les athées « militants » n’empêchons pas les croyants de faire leurs choix. Nous leur rappelons, tout simplement, que leurs croyances sont intellectuellement vides. Il n’y a rien là.


Ce texte est aussi disponible en version PDF.


Un commentaire sur “Les athées ne doivent pas se taire
  1. cowboygf dit :

    excellent!! bien dit mes felicitations

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