Blogue 141 : Brûlez ce voile !

David Rand

2022-10-14, annexe 2022-10-19

Les Iraniens, et en particulier les Iraniennes, sont en révolte contre le régime théocratique et tyrannique de leur pays. Le voile islamique est devenu le symbole de la répression extrême religieuse et enlever cet étouffant symbole est devenu le geste de résistance par excellence. En l’enlevant publiquement, les iraniennes risquent la violence, la prison, voire la vie. Le 13 septembre dernier, la jeune étudiante Mahsa Amini a été arrêtée par la police des mœurs parce qu’elle portait son voile incorrectement. Trois jours plus tard, elle est morte, apparemment tuée par un coup à la tête. Depuis, plus de 156 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre, selon Iran Human Rights (IHR).

L’islam est sans doute la plus misogyne de toutes les religions majeures. La République islamique d’Iran, établie en 1979, impose une version rigoreuse de l’islam. Le port du voile en public y est obligatoire pour les femmes. Il leur est même interdit de danser ou chanter en public.

Pendant ce temps, plusieurs pays de l’Ouest, y compris le Canada, vont jusqu’à dépenser des fonds publics pour promouvoir le port du hijab, prétendant même que cet abject accoutrement serait libérateur ! Cette politique est non seulement irrationnelle et irresponsable, elle est obscène, surtout dans le contexte actuelle où les iraniennes risquent leur vie pour s’en débarrasser.

Le voile islamique n’est pas un simple vêtement. La réalité est que le voile islamique est une prison ambulatoire pour femmes, un véhicule de misogynie extrême. C’est une manifestation d’une culture de viol, où les femmes sont tenues responsables de la libido et des mauvais comportements sexuels des hommes. Il transmet le message qu’une femme qui ne le porte pas, surtout une femme musulmane, est impure et mérite une éternité en enfer. Le voile islamique est l’étendard des islamistes, tels que les Frères musulmans, qui se servent des femmes voilées pour marquer et agrandir leur territoire.

Le 6 octobre dernier au Parlement européen, le député François-Xavier Bellamy, pour soutenir la mobilisation des iraniennes, a proposé que les institutions européenne ne financent plus de campagne faisant la promotion du voile islamique. Sa proposition a rencontré une telle opposition, surtout de la soi-disant « gauche » (qui devrait plutôt s’appeler « islamogauche »), qu’elle n’a même pas été débattue ni mise au vote. (Mais voir l’annexe ci-dessous.) Selon l’historien Pierre Vermeren, « L’Europe fait preuve de bêtise face au lobbying des Frères musulmans ».

Ici au Canada, l’encensement du voile islamique — dans la publicité commerciale, à la télévision, par des institutions fédérales, dans le militaire, lors d’une cérémonie de citoyenneté et même chez les enfants — est une honte nationale. Le hijab dans de tels contextes, c’est déjà aberrant. Des couvre-visage comme le niqab, c’est encore pire. (Voir aussi Lettre ouverte au CMAJ et Paediatrics & Child Health, 24 #4)

La question du voile ne se réduit surtout pas à un choix. Il est imposé pour des raisons religieuses intégristes et liberticides, pour consolider le pouvoir politique des islamistes. Il ne serait porté par presque personne sans cette imposition.

Parmi les divers sophismes des opposants à la laïcité, l’argument le plus ignoble que j’ai entendu, c’est la fausse symétrie entre imposer le voile et l’interdire. On veut nous faire gober l’idée que restreindre le port des signes religieux comme le voile, dans un but de neutralité religieuse dans la fonction publique, serait sur un pied d’égalité avec le port forcé en Iran où les femmes iraniennes risquent la prison ou la mort.

Le combat héroïque des iraniennes et iraniens pour renverser le régime islamiste et se débarrasser du voile obligatoire est la preuve de la nécessité d’interdire ces signes religieux portés par les enseignants et les fonctionnaires en position d’autorité. Mona Eltahawy, auteure de Foulards et hymens, constate que, « Les femmes du monde occidental portant un voile contribuent à asservir les femmes ailleurs dans le monde pour lesquelles le port du voile est une contrainte. » Au lieu de célébrer le voile islamique, nos gouvernements et institutions devraient plutôt en décourager le port. Si certaines femmes veulent porter de tels accoutrements, que ce soit par insouciance, par fanatisme ou pour tout autre motif, qu’elles le fassent dans leur vie privée, mais certainement pas en travaillant comme représentantes de l’État.

Selon Yolande Geadah, qui a témoigné en appui à la Loi 21 devant la Cour suprême du Québec,

« Il n’y a aucune commune mesure entre l’obligation du hijab, quelle qu’en soit la justification (religieuse, morale ou autre), et sa restriction dans certains lieux au nom du principe de la neutralité religieuse. Il est grand temps de rejeter cette supercherie qui repose sur une logique boiteuse ! »

Solidarité avec les iraniens et, surtout, avec les iraniennes qui refusent ce sale torchon qu’est le voile !

Annexe 2022-10-19

Dans un récent gazouillis, le député Bellamy nous annonce qu’il a redéposé sa proposition et elle a été adoptée ! Excellente nouvelle !

« Bataille gagnée. Lors du vote du budget, j’ai redéposé avec nos collègues du PPE un amendement pour interdire que la Commission européenne finance de nouvelles campagnes promouvant le hijab : il vient d’être adopté par le Parlement. Une victoire importante, grâce à votre soutien. »

D’autres liens pertinents

• La vie des iraniennes compte !, Leila Lesbet, L’aut’journal, 2022-10-07.
• Cool, le voile?, Christian Rioux, Le Devoir, 2022-10-07.
• Les femmes voilées en Occident choisissent l’oppresseur, la loi du mâle, contre la révolte des femmes, Pierre Jourde, Marianne, 2022-09-29.