« Écrire, ça libère » : lettre ouverte à Amnistie internationale

« Écrire, ça libère » : lettre à Mme France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone

Daniel Baril

2020-11-27

J’avais jusqu’à tout récemment une forte sympathie envers Amnistie internationale dont le travail d’opposition aux dictatures de la planète me paraissait absolument nécessaire et j’ai participé à plusieurs campagnes de lettres en faveur de la libération de prisonniers politiques ou d’opinion.

Quelle déception de vous voir intervenir du côté de ceux qui combattent la Loi sur la laïcité de l’État au Québec ! Manquez-vous à ce point de dictatures à combattre et de prisonniers d’opinion à faire libérer ? Vos récentes interventions médiatiques pour justifier votre position ont fait déborder le vase et m’amènent à joindre ma voix aux dizaines de Québécois outrés par votre intervention dans ce dossier.

La superficialité de vos propos dans votre lettre du 20 novembre au Devoir reflète une analyse d’une courte vue renversante. Pleine de faussetés, cette lettre diffuse une vision mensongère de la loi 21, dont cette perle : le « véritable objet de cette loi » serait selon vous « de proscrire le voile islamique ». Vous vous gardez bien de nommer l’islamisme politique, responsable des pires dictatures de l’époque actuelle, derrière une soi-disant volonté de porter son étendard jusque dans nos écoles. Vous semblez en outre penser que le combat pour la laïcité de l’État a débuté avec cette loi alors qu’on peut le faire remonter à la rébellion des Patriotes. J’étais de cette lutte dès la fin des années 70, bien avant l’arrivée du premier hidjab.

Sous prétexte de défendre les libertés individuelles et parce que le débat fait rage sur cette question partout en Occident, vous soutenez que défendre la laïcité de l’État face aux idéologies liberticides et d’arrière-garde « n’est pas la voie à suivre ». Que faudrait-il donc faire ? Plier l’échine ? Ce n’est pas l’Amnistie internationale que j’ai connue.

Votre entrevue accordée à Qub Radio le 24 novembre aurait pu vous donner l’occasion de vous reprendre mais vous n’avez que confirmé votre superficialité d’analyse. Sans compter que votre campagne contre le racisme systémique vous couvre de ridicule en soutenant que les « personnes racisées » sont absentes des médias québécois.

Comble de l’absurde, vous soutenez avec raison la lutte internationale de Mme Ensaf Haidar pour faire libérer son mari Raïf Badawi emprisonné injustement et torturé par la dictature saoudienne. Voilà la véritable mission d’Amnistie internationale et j’ai moi-même participé à vos vigiles pour inciter le gouvernement du Canada à intervenir en faveur de cette libération. Je vous soumets que Mme Haidar milite ici du côté de ceux qui défendent la loi 21 et qu’elle a témoigné en ce sens en Cour supérieure aux côtés du Mouvement laïque québécois.

En tant que victime de l’intégrisme religieux, Mme Haidar s’oppose au port de signes religieux à l’école parce qu’elle voit dans cet interdit une disposition essentielle pour préserver la laïcité de l’école publique, cette laïcité étant pour elle une façon de protéger la liberté de conscience de ses enfants et l’égalité des sexes, deux valeurs pour lesquelles elle se bat avec un courage remarquable et exemplaire. De quel côté êtes-vous réellement ? Trouvez l’erreur et soyez conséquente.

Comme le dit votre slogan, « écrire ça libère ».

Daniel Baril, Militant laïque

2 commentaires sur “« Écrire, ça libère » : lettre ouverte à Amnistie internationale
  1. Paul Lavoie dit :

    A beau mentir qui vient de loin ! Amnesty International (qu’on a francisé ici en Amnistie intenationale, mais sans en changer la culture anglo-saxonne) est un organisme donneur de leçon et dont le passé n’est pas toujours glorieux. Qu’on se souvienne uniquement de l’Affaire des couveuses au Koweit. Citons Wikipedia : « L’affaire des couveuses au Koweït désigne le scandale du faux témoignage fait le 14 octobre 1990, lors de l’invasion du Koweït par les forces armées irakiennes de Saddam Hussein, [par une certaine Nayirah al-Ṣabaḥqui] qui alléguait des atrocités commises contre des nouveau-nés koweïtiens.» Pourtant, dans un rapport de 82 pages publié le 19 décembre 1990, Amnesty International avait non seulement confirmé le témoignage de Nayirah, mais avait affirmé que les soldats irakiens avaient sorti 312 nourrissons koweïtiens de leurs couveuses et les avaient tués : https://en.wikipedia.org/wiki/Nayirah_testimony . C’est vrai que, placé devant les faits, l’organisme a plus tard rétropédalé. Mais le mal était fait.Amnesty International, par son mensonge, avait servi à déclencher la guerre en Irak. Mensonge en effet car, en 1992, on avait appris que la dénommée Nayiarah était la fille de l’ambassadeur koweïtien aux États-Unis de l’époque.
    Amnesty International fait vivre des employés qui soutirent de l’argent en faisant le commerce de l’indignation. Point.

  2. CÉLINE TESSIER dit :

    Bonjour,
    Je suis tout à fait d’accord avec les propos de M. Baril.
    J’ai d’ailleurs avisé Amnistie internationale que je ne souhaitais plus
    les appuyer financièrement. Leur position face à la Loi sur la laïcité
    m’a beaucoup surprise et énormément déçue.

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